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14 octobre 2015 3 14 /10 /octobre /2015 12:30
Les interventions militaires impérialistes et le drame des réfugiés

Le drame que connaissent les réfugiés est dans une large mesure la conséquence directe des interventions militaires impérialistes en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie. Les gouvernements successifs américains et européens sont les premiers et les derniers responsables de cette tragédie humaine. Ce sont eux les véritables coupables de cette effroyable situation dans laquelle se trouvent non seulement les réfugiés mais aussi les survivants des guerres impérialistes dans ces pays. Ce sont ces criminels de guerre qui versent cyniquement aujourd'hui des larmes de crocodile sur leurs propres victimes tout en se barricadant derrière des barbelés et des murs érigés un peu partout en Europe. Les souffrances qu'endurent les réfugiés ne doivent pas nous faire oublier le nombre de morts, de blessés, d’estropiés, de veuves, d’orphelins etc. que les guerres impérialistes illégales et illégitimes ont laissés derrière elles. La négation et le mépris de la vie humaine par l'impérialisme américain et européen se traduisent concrètement par des destructions, des génocides, des massacres, et par la violence la plus extrême. Le chaos et l'anarchie, au mauvais sens du terme, qui règnent aujourd'hui en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie sont les témoins éloquents de cette barbarie impérialiste. Les graines de malheur que les Etats-Unis, l'Europe et leurs alliés locaux ont semées dans cette région du monde ont produit également une moisson abondante d'organisations réactionnaires et terroristes. Le terrorisme, que l'impérialisme prétend combattre, est son produit le plus authentique (1).

L'essentiel des réfugiés qui tentent aujourd'hui de rejoindre l'Europe viennent de Syrie, d'Afghanistan et d'Irak. Le chaos qui règne en Libye provoque de son côté des déplacements massifs de population vers les pays voisins et vers l'Europe. Or ce sont justement ces pays qui ont été ravagés par l'impérialisme américain et son supplétif européen. L'hypocrisie et le cynisme avec lesquels les gouvernements occidentaux et leurs médias traitent les souffrances humaines n'ont d'égal que leur silence sur les causes de ce crime contre l'humanité. Mettre en exergue les conséquences du drame sans jamais évoquer ses causes permet au discours médiatique de mieux éluder la responsabilité de l'impérialisme et de ses alliés locaux dans cette tragédie. Les réfugiés que les bourgeoisies européennes feignent de découvrir ne sont pas tombés du ciel comme la pluie; ils sont le fruit amer des manœuvres et stratégies impérialistes. Faut-il rappeler que les syriens, les libyens ou les irakiens ne quittent pas leur pays de leur propre gré pour un avenir meilleur en Europe, mais fuient cette terrible guerre qui leur a été imposée par les États-Unis et l'Europe. Ils sont chassés par la force brutale de l'impérialisme et de ses alliés locaux comme l'Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie.

Un pays comme la Syrie était, avant la guerre, le deuxième pays au monde qui accueillait le plus de réfugiés selon le HCR. Aujourd'hui, il est le deuxième à fournir le plus de réfugiés au monde : «En l'espace de cinq ans à peine,la République Arabe Syrienne est passée du deuxième pays à accueillir le plus grand nombre de réfugiés dans le monde au deuxième pays à en produire le plus grand nombre» (2).

Les interventions militaires impérialistes en Afghanistan (1979), en Irak (1991 et 2003), en Libye (2011) et aujourd'hui en Syrie non seulement ont fait des centaines de milliers de morts mais aussi ont jeté sur le chemin de l'exil des millions d'hommes, de femmes et d'enfants notamment en Irak et en Syrie :«Quelque deux millions de réfugiés iraquiens seraient dispersés à travers tout le Moyen- Orient -il s’agit du plus important mouvement de réfugiés dans la région, depuis l’exode des Palestiniens après la création d’Israël, en 1948 » écrivait le HCR (3). Quant au nombre de réfugiés syriens qui ont fui la guerre, il dépasse depuis juillet 2015 les quatre millions de personnes. Ils sont concentrés pour l'essentiel dans des camps en Turquie, au Liban et en Jordanie où ils survivent dans des conditions infra-humaines. Celui des personnes déplacées à l'intérieur même de la Syrie s'élève à 7,6 millions (4). Au total plus de la moitié des syriens sont ainsi contraints par la guerre impérialiste et ses conséquences d'abandonner leur foyer : «C'est la plus importante population de réfugiés générée par un seul conflit en une génération» déclarait le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres (5).

Vouloir, vaille que vaille, renverser des régimes réfractaires à l'hégémonie et à l'exploitation de l'occident capitaliste ne peut conduire qu' à des tragédies humaines et provoquer des souffrances sans limites des populations innocentes. L'impérialisme a toujours usé de sa puissance de feu pour soumettre les nations sans défense à ses propres intérêts économiques et stratégiques. Esclavage, colonialisme, néocolonialisme etc., toute son histoire n'est que crimes et violences. Son mépris de la volonté des peuples à disposer d'eux-mêmes est totale. Il ne peut supporter que les peuples prennent eux-mêmes en charge leur propre destin. Les cas de l'Afghanistan, de l'Irak, de la Libye et de la Syrie sont des exemples de cette négation absolue de ce Droit à l'autodétermination reconnu pourtant universellement et constitue même l'un des fondements de la charte des Nations Unies (6). Mais pour l'impérialisme, le droit c'est le droit du plus fort !

Le soutien indéfectible, passé et présent, de l'impérialisme aux dictatures les plus féroces et aux régimes les plus rétrogrades (7) n'a d'équivalent que sa haine et son mépris pour les gouvernements, un tant soit peu, nationalistes et laïcs. L'alliance entre l'impérialisme et le terrorisme est une réalité que la propagande des médias bourgeois n'arrive plus à occulter. Les destructions des sociétés irakiennes, libyennes et aujourd'hui syriennes ont entraîné dans ces pays un foisonnement de mouvements obscurantistes et terroristes constituant ainsi, avec l'aide de l'impérialisme et de ses alliés locaux, autant de remparts contre toute idée de progrès et de démocratie. Rappelons que le Parti Baas (la Renaissance), qui a longtemps gouverné l'Irak, toujours au pouvoir aujourd'hui encore en Syrie, a été fondé dans les années quarante par deux intellectuels laïcs et progressistes, Michel Aflak et Salah Bitar. Le VIème congrès de ce parti organisé à Damas en octobre 1963 s'est prononcé majoritairement pour une « planification socialiste » et pour « un contrôle démocratique des moyens de production par les ouvriers » (8). Il est vrai aussi qu'au fil du temps «le parti est devenu un repère d’officiers assoiffés de pouvoir. « La renaissance arabe », « L’unité arabe » et « Le socialisme arabe » ont été relégués aux calendes grecques. Leur seul et unique objectif est de se maintenir, vaille que vaille, au pouvoir» (9). Najibullah dernier président communiste de l'Afghanistan, avant d'être renversé par les Talibans armés et financés par les américains, reste dans la mémoire collective des afghans comme le président « modernisateur et patriote » (10). Les communistes afghans même s'ils n'avaient pas de base sociale en dehors de Kaboul et en dépit des méthodes détestables qu'ils pratiquaient à l'encontre de leurs opposants, ont entamé un processus de modernisation du pays notamment dans le domaine de l'éducation : « En 1978 l'analphabétisme représentait 90% de la population masculine et était de 98 % chez les femmes. Dix ans plus tard, la proportion a été considérablement réduite. Une génération nouvelle de jeunes afghans, hommes et femmes , deviennent médecins, enseignants, scientifiques, techniciens » (11).

Rappelons également pour mémoire que c'est l'impérialisme, avec l'aide des monarchies du Golfe, qui a brisé l'élan formidable vers la démocratie et la dignité des soulèvements populaires dans le monde arabe. Les ravages de la guerre au Yémen (12) que mènent aujourd'hui l'Arabie Saoudite et ses alliés, avec la bénédiction des Etats-Unis, vont encore renforcer la présence des groupes terroristes dans ce pays, l'un des plus pauvres au monde, et forcer des millions de personnes à l'exode.

A la paix, à la démocratie et au progrès, l'impérialisme préfère la guerre, la mort, la destruction et le chaos. Pour servir ses intérêts économiques et stratégiques, l'impérialisme, cet instrument de pouvoir de la bourgeoisie, préfère s'allier avec des régimes d'un autre âge et instrumentaliser des mouvements terroristes. Il suffit de voir ce que sont devenus aujourd'hui, après les interventions militaires impérialistes, des pays comme la Libye ou l'Irak naguère prospères. La Libye par exemple, ravagée et défigurée par la sauvagerie terroriste, où, selon les dires même du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, « les mouvements terroristes y établissent une implantation stratégique, le pays est devenu un paradis pour les criminels et les trafiquants d'êtres humains » (13). Amnesty International de son côté souligne que « la communauté internationale a regardé la Libye s’enfoncer dans le chaos depuis la fin de l’intervention militaire menée par l’OTAN en 2011. Les dirigeants du monde doivent assumer leurs responsabilités et les conséquences, notamment le flux de réfugiés et de migrants fuyant le conflit et les atteintes aux droits humains endémiques en Libye» (14).

Si l'impérialisme est une nécessité historique, lui résister n'en est pas moins nécessaire. Car l'impérialisme est partout l'ennemi des peuples et du progrès. Il faut dénoncer ses guerres, ses médias, ses mensonges et sa propagande. Il faut le combattre partout. Les travailleurs et les opprimés du monde entier doivent se soulever contre cette domination et cette barbarie impérialistes s'ils ne veulent pas être ravalés au rang d'esclaves.

MB

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  1. http://belaali.com/2014/11/le-terrorisme-produit-authentique-de-l-imperialisme.html

(2) http://www.unhcr.fr/53edc9a39.html

(3) http://www.unhcr.fr/4ad2f926155.html

(4) http://www.unhcr.fr/559e2ca6c.html

(5) Ibid.

(6) « Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde »

http://www.un.org/fr/documents/charter/chap1.shtml

«Tous les peuples ont le droit de disposer d'eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel».

http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CCPR.aspx

(7) Comme par exemple Suharto l’indonésien, Marcos le philippin, Pinochet le chilien, Videla l’argentin, Uribe le colombien, Ben Ali le tunisien, Moubarak l’égyptien, mais aussi Israël, l'Arabie Saoudite, le Qatar, Bahreïn, l'Egypte, le Yémen, le Honduras, la Colombie, la quasi totalité des dirigeants africains etc.etc.

  1. « Bush à Babylon », Tariq Ali, La Fabrique édition, page 133.

(9) « L’impérialisme est l’ennemi des peuples : le cas de la Syrie »

http://belaali.com/article-l-imperialisme-est-l-ennemi-des-peuples-le-cas-de-la-syrie- 95898575.html

(10) http://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/PARENTI/48065

(11) Tariq Ali «Le choc des intégrismes », Textuel, 2002, page 236.

(12) http://belaali.com/2015/03/l-intervention-saoudienne-au-yemen.html

(13) Le Monde du 8 octobre 2015, page 3.

(14) http://www.amnesty.fr/CP-rapport-libye-migrants-refugies-15093

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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 20:04
Arabie Saoudite : le silence complice des bourgeoisies occidentales sur les révoltes populaires

Je reproduis ici un texte écrit en 2012. Bien que dépassé sur certains points, il reste quant au fond d'une brûlante actualité.

Les manifestations contre la dynastie des Al Saoud notamment dans les provinces orientales se poursuivent et se ressemblent. Chaque manifestation se termine par une répression sanglante. Cette violence exercée sur des manifestants pacifiques se fait à huis clos. Le silence des États-Unis, de l'Europe et de leurs médias sur ces exactions est impressionnant. Leur complicité avec ce Royaume moyenâgeux est totale. Les richesses pétrolières enfouies sous le sable de l'Arabie, le rôle de défenseur des intérêts impériaux de l'impérialisme américain font de cet État féodal un «ami» de toutes les bourgeoisies occidentales et l'ennemi de tous les travailleurs et de tous les peuples qui aspirent à se libérer du joug des régimes d'un autre âge et de leurs protecteurs impérialistes.

« Nous ne sommes pas la Tunisie, ni l’Égypte, ni ...» répètent souvent le régime saoudien et ses médias. Certes la contestation en Arabie Saoudite n'a ni l'ampleur ni la portée des soulèvements populaires en Tunisie, en Égypte, à Bahreïn ou au Yémen. Mais le peuple saoudien, comme l'ensemble des peuples arabes, aspire lui aussi à se débarrasser de la dynastie des Al Saoud et à se réapproprier sa fabuleuse richesse pétrolière. Il sait également que cette richesse est la plus convoitée et la plus protégée au monde. La famille royale qui possède tous les pouvoirs, n'est en fait qu'un instrument entre les mains de l'impérialisme américain qui l'utilise conformément à ses propres intérêts. Le pétrole reste encore une ressource économique vitale pour la bourgeoisie américaine d'autant plus que ses propres réserves ne cessent de diminuer.

Les compagnies pétrolières des États-Unis étaient présentes sur le sol saoudien dès 1933 avec la Standard Oil of California (Socal) qui formera un groupe avec Texas Oil Company (Texaco) et Mobil (1). A la fin de la deuxième guerre mondiale, la mainmise américaine sur le pétrole saoudien est totale avec la création d'Arabian American Oil Company (Aramco). Pour parachever leur domination et protéger les puits de pétrole saoudiens, une base de l'US Air Force est créée à Dhahran dans l'est du pays. Il est donc très difficile pour le peuple de l'Arabie Saoudite d'affronter dans ces conditions l'un des régimes les plus protégés et les plus cruels au monde.

Cette cruauté du régime saoudien plonge ses racines dans les sources même du pouvoir des Al Saoud. Il faut revenir au XVIIIe siècle et plus exactement à l'époque de Mohammad Ibn Abdel Wahhâb (1703-1792), prêcheur fanatique, et le «mithaq» (pacte) qu'il a conclu en 1744 avec Mohammad Ibn Saoud, un émir qui rackettait ses propres sujets et ambitionnait de soumettre les autres tribus à son autorité, pour comprendre les origines despotiques du pouvoir saoudien actuel.

La violence de l'ultra-dogmatisme d' Ibn Abdel Wahhâb se manifestait non seulement dans ses discours (inégalité homme/femme, rigorisme des rapports sociaux etc.), mais surtout dans les châtiments corporels : lapidation à mort de l'adultère, amputation des voleurs, exécutions publiques, etc. Il s'agit à la fois d'une doctrine et d'une pratique. Les sanctions découlent directement des normes et préceptes avancés par Abdel Wahhâb. Cette mise en pratique des prêches et les effets des châtiments cruels ont effrayé les chefs religieux. Contraint de quitter son oasis natale, Abdel Wahhâb se réfugia dans les bras d' Ibn Saoud, émir de la province de Najd. Ensemble ils ont créé le wahhabisme. Mais Ibn Saoud a su mettre le talent, la ferveur et l'énergie d'Abdel Wahhâb au service de ses ambitions personnelles : la religion au service de la politique. Le prêcheur du désert est devenu le serviteur exclusif de l'émir et donne ainsi une justification et une couverture religieuse aux ambitions politiques de son protecteur. Le wahhabisme est la rencontre entre le fanatisme religieux et le cynisme politique.

La dynastie des Al Saoud qui gouverne aujourd'hui l'Arabie Saoudite est née de cette alliance confessionnelle et politique. La découverte du pétrole dans les années trente n'a fait que renforcer cette instrumentalisation de la religion. L'Islam est utilisé comme idéologie de légitimation pour perpétuer le pouvoir et les privilèges du clan des Al Saoud.

La religion et le pétrole sont des armes dont se sert cette monarchie d'un autre âge pour étouffer et éliminer toute contestation. Les châtiments cruels et inhumains sont régulièrement prononcés par les tribunaux saoudiens. Le nombre d'hommes et de femmes décapités dans ce pays ami des États-Unis et de l'Europe ne cesse d'augmenter (2). En Arabie Saoudite, les manifestations sont strictement interdites comme d'ailleurs les partis politiques, les syndicats et les associations. Aucune critique du roi et aucune opposition à son gouvernement ne sont tolérées dans cette monarchie absolutiste choyée et protégée par les bourgeoisies occidentales. Toute protestation et toute critique sont condamnées et considérées par le pouvoir comme contraire à L'Islam.

Pourtant, depuis les soulèvements populaires dans le monde arabe, l'Arabie Saoudite est le théâtre de manifestations récurrentes nonobstant l'appareil répressif sophistiqué du régime et sa cruauté. Craignant la contagion des soulèvements tunisien et égyptien à la péninsule, la caste au pouvoir a distribué sous forme d'avantages divers l'équivalent de 130 milliards de dollars pour taire la protestation et calmer la colère qui montait dans tout le pays. Mais le peuple saoudien, à l'instar des peuples arabes, aspire profondément au changement. Les manifestations, même d'une manière sporadique, se poursuivent. La répression est devenue encore plus brutale. Personne ne connaît avec précision le nombre de victimes tombées sous les balles de la police saoudienne formée et armée par les États-Unis. La tuerie se déroule à huis clos !

Les médias bourgeois, «profondément attachés aux droits de l'homme», se taisent lâchement sur les massacres des Al Saoud. Les assassinats des manifestants pacifiques sont occultés et souvent justifiés. Les contestataires qui défient courageusement, au prix de leur vie, l'ordre moyenâgeux saoudien, sont présentés par les gouvernements occidentaux et leurs médias comme des «terroristes» ou comme des «chiites manipulés par l'Iran». Le même discours est tenu par le régime saoudien qui parle de complot iranien qui vise à déstabiliser toute la région. «Les chiites sont des demi-juifs cachés» (3) disait Nayef ben Abdul-Aziz al Saoud, prince héritier et ministre de l'Intérieur d'Arabie Saoudite, demi-frère de l'actuel roi Abdallah, décédé le 16 juin 2012 et remplacé par le prince Salman, ministre de la Défense.

C'est cette même propagande et cette même complicité des bourgeoisies américaines et européennes qui ont conduit, entre autres, à l'intervention saoudienne à Bahreïn le 14 mars 2011 pour mater ces «chiites manipulés par l'Iran» et ces «demi-juifs cachés» afin de sauver une autre dynastie, celle des Al Khalifa, au pouvoir depuis des siècles(4). Ce sont donc les gouvernements et les classes dominantes américaines et européennes qui ont permis à l'Arabie Saoudite de briser le soulèvement populaire à Bahreïn et de maintenir une véritable dictature au pouvoir. Les victimes de ces interventions et ingérences étrangères sont toujours les mêmes : des hommes et des femmes qui se sont soulevés pour une société meilleure et qui ont vu leur révolte confisquée par l'impérialisme et ses auxiliaires régionaux. Dans cette guerre menée contre les aspirations à la démocratie et à la dignité des masses arabes opprimées, l'Arabie Saoudite, soutenue par les États-Unis et l'Europe, joue un rôle majeur. Elle est le rempart contre tout changement démocratique et progressiste dans le monde arabe. Elle est l'incarnation de la contre-révolution.

Par contre, en Syrie, l'occident impérialiste et ses serviteurs locaux comme l'Arabie Saoudite parlent plutôt «de combattants pour la démocratie», «des révolutionnaires», «des rebelles» pour désigner en fait des hommes armés, entraînés, dirigés et financés par les États-Unis, l'Europe, la Turquie et bien sûr «la grande démocratie» qu'est l'Arabie Saoudite ! Il faut, vaille que vaille, installer à Damas un pouvoir servile à leur botte comme en Libye.

Mais le pouvoir saoudien aussi puissant soit-il connaît des fissures qui ne cessent de s'élargir. La dynastie des Al Saoud est contestée dans tout le pays. Elle ne tient sa «légitimité» que de la répression et de la protection de la bourgeoisie américaine. Au sein même de la famille régnante, des rivalités entre princes, clans et autres réseaux plus ou moins formels se font jour quant à la succession du roi Abdallah (88 ans). Une crise de succession pourrait être, pour l'avenir du régime, un facteur sinon d'instabilité du moins d'incertitude. A cela s'ajoutent des problèmes d'ordre économique, conséquences d'une concentration excessive des richesses entre les mains de la famille royale et de l'élite des affaires qui lui est liée. Les politiques libérales préparées par les experts du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale avec la complicité du pouvoir ont dégradé, entre autres, la situation du marché du travail notamment pour les jeunes saoudiens. En Arabie Saoudite, pays riche, les jeunes peinent à trouver du travail !

Le contraste est violent entre une gérontocratie qui vit dans un luxe suranné et une jeunesse frustrée à qui le pouvoir, pour la calmer, jette quelques miettes de cette fabuleuse richesse dont regorge le pays. Le Wall Street Journal, porte-parole du capital, laisse passer ces remarques:«L'âge moyen du triumvirat de princes régnants est de 83ans, alors que 60 % des Saoudiens ont moins de 18 ans. Grâce à la télévision par satellite, à Internet et aux réseaux sociaux, les jeunes sont désormais parfaitement conscients de la corruption des autorités - tout comme ils savent que 40 % des Saoudiens vivent dans la pauvreté et que près de 70 % ne peuvent se payer un logement. Ces Saoudiens vivent des vies dignes du Tiers Monde, ils souffrent d'une éducation lamentable et sont incapables de trouver du travail dans un secteur privé où 90 % des employés sont des étrangers» (5). Les hommes qui dirigent l'Arabie Saoudite ainsi que leur régime ont fait leur temps. Ils ne correspondent plus à la marche de l'histoire. S'ils sont toujours au pouvoir, c'est essentiellement grâce au soutien indéfectible des bourgeoisies américaines et européennes.

Ainsi va le monde absurde et barbare de la bourgeoisie. Elle méprise les peuples et leur volonté à disposer d'eux-mêmes. Grâce à sa puissance de feu, elle force toutes les nations qui ne peuvent se défendre à se soumettre à ses intérêts. La bourgeoisie est l'ennemie de la paix et du progrès. Elle soutient les régimes les plus rétrogrades et les plus cruels. Son «triomphe» en ex-Yougoslavie, en Irak, en Côte d'Ivoire, en Libye et peut-être demain en Syrie, c'est aussi le triomphe du despotisme, de la corruption et de la misère économique et politique. Les opprimés en Arabie Saoudite comme dans l'ensemble du monde arabe n'ont pas dit leur dernier mot malgré les avancées réelles de la contre-révolution et la prise du pouvoir par les forces réactionnaires et obscurantistes en Tunisie et en Égypte. La révolte gronde toujours. Leur espoir dans une société nouvelle est aussi grand que leur détermination à se débarrasser de leurs oppresseurs et de leurs despotes anciens et nouveaux.

M B

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(1) http://www.lesclesdumoyenorient.fr/Etats-Unis-et-petrole-saoudien.html

(2) http://www.amnesty.org/fr/region/saudi-arabia/report-2012

(3) http://www.grotius.fr/wp-content/uploads/2012/02/POLE_MO_PDF_chiite_La-menace-g+%C2%AEopolitique-chiite-%C3%A1-analyse-dune-repr+%C2%AEsentation-saoudienne.pdf

(4) http://www.belaali.com/article-l-intervention-saoudienne-a-bahrein-et-le-silence-complice-des-bourgeoisies-occidentales-69874090.html

(5)The Wall Street Journal cité par le Courrier international du 26 août 2012 : http://www.courrierinternational.com/article/2011/02/18/attention-la-jeunesse-est-sur-facebook

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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 11:41
L'économie du partage au service du capital

«Je suis disposé à vous donner ma montre si vous me donnez cinquante euros».

Anonyme.

Économie du partage, économie collaborative, économie du peer-to-peer, économie solidaire, économie post-capitaliste, nouvelle approche de l'économie etc., sont des appellations derrière lesquelles se cachent les rapports d'exploitation et de domination du capitalisme. L'économie du partage n'a pour but ni la satisfaction des besoins des individus ni le partage des richesses, mais la maximisation des profits. Le partage n'est qu'un prétexte, un moyen au service de cet objectif. Le véritable partage se fait entre les actionnaires d'Uber, d'Airbnb, de Blablacar, de Drivy, du Bon Coin etc. Après le microcrédit, le commerce équitable et autre développement durable, c'est au tour de l'économie du partage d'être un instrument au service du capital (1).

L'Entraide, la Mutualisation, la Convivialité, la Solidarité, l'Hospitalité, la Coopération sont réduites, dans l'économie du partage, à de simples valeurs d'échange, à de simples rapports d'argent.Votre logement, votre voiture, votre machine à laver, vos livres, vos outils de bricolages, vos vêtements, votre repas, votre temps libre etc. sont transformés en vulgaires marchandises qui s'achètent et se vendent (même temporairement) sur le marché de l'économie du partage dominé par de prospères et puissantes entreprises. Il n' y a pas de services rendus mais que des services vendus.

La révolution informationnelle, la publicité, le marketing sous toutes ses formes, les techniques de gestion les plus sophistiquées sont des moyens efficaces qui permettent à ces entreprises de pénétrer davantage encore les sphères les plus protégées et les plus éloignées du marché. L'économie du partage élargit ainsi les possibilités de développement du capital aux domaines qui , jusqu'alors, lui échappaient.

L'économie du partage est non seulement présente dans quasiment tous les secteurs, mais elle a aussi envahi le monde entier. Selon PwC le marché mondial de l'économie collaborative devrait atteindre près de 335 milliards de dollars d'ici à 2025, contre 15 milliards en 2014 ! (2). Le capitalisme, pour survivre, doit créer constamment à l'échelle planétaire de nouveaux besoins, de nouveaux marchés, de nouvelles techniques de production et de consommation.

Ce nouveau business attire de plus en plus les grands groupes qui investissent massivement dans ce marché très rentable. Ainsi des géants comme Nestlé, Hyatt, Avis, General Electric, Ikea, Tyota, Bmw, Frd etc., rachètent des start-up, créent leurs propres services de location temporaire et leurs propres plateformes de partage (3). La SNCF, de son côté, non seulement possède déjà son propre service de covoiturage (iDvroom) mais travaille aussi en partenariat avec Wattmobile et Zipcar deux acteurs importants de l'économie collaborative. Le groupe public vient également de prendre 75% du capital (28 millions d'euros) de « OuiCar », une plateforme de location de voitures entre particuliers qui revendique 20 000 véhicules en « autopartage » et 400 000 adhérents en France.

L'économie du partage n'est donc pas une menace pour les grandes entreprises, mais bien au contraire une opportunité formidable pour étendre leur champ d'action. Elle leur offre ainsi de nouvelles perspectives de profit tout en exploitant les valeurs de partage, d'entraide etc.. «Il suffit de voir le nombre de campagnes de publicité qui sortent et qui nous vendent à toutes les sauces les valeurs de partage, alors même que les entreprises en question sont incapables de porter ces valeurs», déplore Marc-Arthur Gauthey, du think tank OuiShare pourtant grand défenseur de l'économie collaborative (4).

Quant aux travailleurs de l'économie du partage ou collaborative (travailleurs indépendants, entrepreneurs individuels, « particuliers »), leur situation reste pour le moins inquiétante. Ils ne sont pas considérés comme des salariés et ne bénéficient donc pas des avantages liés au salariat (protection sociale, congés payés, conventions collectives etc.). Le statut juridique de ces « freelancers » comme on les appelle parfois reste ambigu. Ils ne sont ni salariés ni vraiment patrons. Ils ne bénéficient ni des droits des premiers ni des privilèges des seconds. Mais dans tous les cas ils doivent exécuter les règles et les ordres dictés par les plateformes collaboratives qui les emploient. Ce flou et ce vide juridique constituent une véritable aubaine pour les entreprises de l'économie du partage. Elles échappent ainsi largement à la réglementation du droit du travail. Derrière l'économie collaborative se cachent de nouveaux rapports de domination et d'exploitation. Aux salaires de misère (5) s'ajoutent une hyper- flexibilité et une précarité accrue qui font le bonheur des patrons. Youpijob, TaskRabbit (6), UberPop, UberRush (un service de coursiers à pied ou à vélo) ou Amazon Turk, pour ne citer que celles-là , sont des exemples et des symboles de cette « gig economy ». Les emplois créés sont des petits boulots mal rémunérés, mal protégés, limités dans le temps avec des horaires déstructurés et sans perspective aucune : «Au lieu de la révolution du travail promise, je n'ai trouvé que des tâches pénibles, un faible salaire et un système défavorable pour les salariés» (7). Les nouveaux prolétaires de ces entreprises collaboratives sont la plupart du temps des hommes et des femmes à tout faire.

L'économie du partage renforce et accélère ainsi les tendances déjà existantes au sein du capitalisme et détruit chaque jour un peu plus les acquis sociaux arrachés de haute lutte par des générations successives de travailleurs salariés.

L'économie collaborative ne crée paradoxalement aucune collaboration ni aucune solidarité entre les travailleurs qui restent totalement dépendants des puissantes plateformes avec leurs règles et leurs systèmes de notations basés sur le jugement des clients. Au contraire, elle les isole, les atomise pour mieux les dominer.

L'économie du partage n'est qu'un avatar du capitalisme qui répond à la nécessité de celui-ci de conquérir de nouveaux marchés, de créer de nouveaux besoins pour surmonter ses crises. Dans ce sens elle n'est qu'un instrument au service du capital dont elle perpétue l'asservissement et la domination. Dire que l'économie du partage est une économie post-capitaliste est non seulement une chimère, mais aussi une absurdité.

M B

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(1) http://belaali.com/article-microcredit-commerce-equitable-et-developpement-durable-instruments-au-service-de-l-ordre-etabli-49785480.html(1)

(2) http://www.pwc.fr/le-marche-mondial-de-leconomie-collaborative-devrait-atteindre-pres-de-335-milliards-de-dollars-ici-a-2025-contre-15-milliards-en-2014.html

  1. http://www.usinenouvelle.com/article/les-grandes-entreprises-seduites-par-l-economie-du-partage.N260447
  2. http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/pour-riposter-a-l-uberisation-de-l-economie-les-grands-groupes-se-mettent-en-quatre_1684256.html
  3. http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/jul/23/gig-economy-silicon-valley-taskrabbit-workers
  4. http://valleywag.gawker.com/if-taskrabbit-is-the-future-of-employment-the-employed-1609221541
  5. http://www.lesechos.fr/20/05/2014/LesEchos/21691-059-ECH_economie-du-partage---les-limites-d-une-utopie.htm

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17 juillet 2015 5 17 /07 /juillet /2015 19:56
Grèce : la petite bourgeoisie face au grand capital

«L'émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes».

K. Marx

Le rejet massif de l'austérité exprimé par le peuple grec le 5 juillet 2015 a été suivi immédiatement par l'acceptation d'un nouveau plan d'austérité encore plus extrême que les précédents (1) ! Le «non» est ainsi transformé en «oui» et la résistance en soumission. La séparation entre les aspirations du peuple et les discours de ses dirigeants est totale : « Nous n’avons ni l’intention ni la possibilité de vous tromper. De soustraire aujourd’hui votre vote et l’utiliser après les élections comme chèque en blanc. Et nous n’avons pas la possibilité de vous tromper parce que SYRIZA c’est vous» avait déclaré pourtant avec force Alexis Tsipras le 17/01/2015 (2). Il est étrange qu'un parti qui se nomme lui-même coalition de la gauche radicale et qui prétend, pour mener sa politique, s'appuyer uniquement sur le peuple souverain le trompe à ce point : «Nous ne nous appuyons ni sur des entrepreneurs ni sur des banquiers ni sur des propriétaires de médias. Nous nous appuyons sur vous. Ni sur l’oligarchie, ni sur les grandes familles. Sur le peuple souverain»(3). Ces formules hypnotiques répétées ont soulevé un immense espoir chez un peuple humilié et écrasé par des plans d'austérité sans fin, appliqués avec un zèle singulier par la droite et la social-démocratie. Le peuple grec a voté alors majoritairement le 25 janvier 2015 pour Syriza, le parti qui a promis la fin de l'austérité : « Le peuple grec souverain a délégué aujourd’hui un mandat clair, fort, et sans ambiguïté. La Grèce tourne la page. La Grèce laisse derrière elle la politique désastreuse de l’austérité» (4).

Après avoir tout accepté et tout renié à Bruxelles le 13 juillet 2015, Alixis Tsipras déclarait «j'ai signé un accord auquel je ne crois pas » ! Il assume pourtant la responsabilité de ce mémorandum pour, disait-il, éviter tout désastre au pays. Il demande alors au parlement et surtout aux partis qu'il combattait hier encore le Pasok et la Nouvelle démocratie de voter ce nouveau plan d'austérité le plus brutal et le plus violent que la Grèce n'ait jamais connu. Son appel a été entendu. Le 16 juillet,

ce « catalogue des horreurs », selon l'expression même des fonctionnaires qui ont participé aux « négociations », a été adopté par une large majorité (229 voix pour, 64 contre et 6 abstentions). Il faut souligner que 32 députés de la gauche radicale ont voté contre et 6 se sont abstenus. Le comité central de Syriza a rejeté quant à lui majoritairement (109 sur 201 membres) ce plan d'austérité. L'accord a été adopté donc grâce aux partis qui faisaient de l'austérité la priorité des priorités !

Pendant que les députés discutaient à l'intérieur du parlement, des milliers de manifestants anti-austérité affrontaient les forces de l'ordre à l'extérieur. Et si la lutte s’aiguisait, le gouvernement Syriza/Anel ferait-t-il appel aux troupes pour mater les révoltes populaires ?

Après le Pasok et la Nouvelle Démocratie, c'est le tour maintenant de Syriza d'appliquer, dans des conditions autrement plus difficiles, les mesures d'austérité dictées par la classe dominante européenne.

En fait les dirigeants de Syriza, en bons réformateurs et petits bourgeois qu'ils sont, n'ont jamais remis réellement en cause le capitalisme, source des malheurs du peuple grec et de tous les peuples. Ils n'ont pas compris que la tendance générale de ce système n'est pas d'améliorer les conditions d'existence des travailleurs et des salariés en général, mais de les dégrader. Au lieu de s'attaquer aux racines du mal, ils préfèrent mener une guerre d'escarmouche contre les conséquences du régime sans jamais œuvrer en même temps à sa transformation. Les problèmes économiques, sociaux et politiques que connaît la Grèce sont les effets de la crise du capitalisme et non les causes.

Les dirigeants de Syriza ne se conduiront jamais en révolutionnaire mais en réformistes.

Logiques avec eux-mêmes, les dirigeants de Syriza ont accepté les institutions de l'Union européenne, sa monnaie et son marché uniques espérant ainsi les changer de l'intérieur ou tout du moins les moraliser. Or l'Union européenne et la zone euro non seulement sont amorales comme le capitalisme, mais elles ne sont pas réformables. Les politiques économiques, dont l'austérité n'est qu'une dimension parmi d'autres, sont intimement liées à la nature de classe de l'Union. Les intérêts des oppresseurs et ceux des opprimés sont irrémédiablement antagonistes. C'est une illusion de croire que l'Europe, telle qu'elle est construite, va se métamorphoser par on ne sait quel miracle en une Europe démocratique, sociale, solidaire, écologique et tutti quanti. La reddition de la petite bourgeoisie grecque montre d'une manière éclatante combien cette idée de vouloir changer l'ensemble des institutions européennes de l'intérieur est erronée et dangereuse. Vouloir rester, vaille que vaille, dans l'Union européenne et la zone euro pour « négocier » des réformes ne peut conduire qu'à la situation dramatique que connaît la Grèce aujourd'hui.

L'Union européenne et la zone euro sont des constructions non démocratiques et une véritable dictature du capital qui inflige aux peuples européens des souffrances insupportables et les prive de toute autonomie, de toute souveraineté. Dans cette Europe là, les travailleurs sont ainsi transformés en esclaves condamnés à travailler sans relâche sous les ordres des créanciers, spéculateurs, usuriers et autres parasites du monde entier. Toute la construction européenne n'a qu'un seul objectif, servir les intérêts des puissants. Le cas de la Grèce est un exemple éloquent à cet égard. Dans ces conditions quel est l'intérêt des travailleurs et de l'ensemble des salariés à rester dans l'Union européenne et la zone euro ? Aucun. Il faut donc rompre définitivement avec cette construction hideuse.

Mais il ne suffit pas de comprendre que le changement est nécessaire pour le rendre possible.

Pour réaliser ce changement historique, il faut une force matérielle et sociale organisée sans laquelle aucune évolution qualitative n'est possible. La petite bourgeoisie incarnée par la direction de Syriza a montré d'une manière éclatante , alors qu'elle avait une grande partie de la population derrière elle, qu'elle était incapable d'affronter la classe dominante européenne toute puissante. Seule la classe ouvrière, produit authentique de la bourgeoisie, a objectivement intérêt à se préparer à cette lutte que lui impose le capital. Malheureusement la classe ouvrière européenne est dans un état de division et de faiblesse tel, qu'il lui très difficile de relever le défi. Les politiques d’austérité imposées par la bourgeoisie ne font que préparer d’autres crises plus violentes et moins prévisibles avec toutes les conséquences terribles pour les travailleurs. La classe ouvrière même divisée et affaiblie par un chômage de masse n'a d'autres choix que de se dresser contre la dictature du capital si elle ne veut pas que sa situation matérielle déjà dégradée ne s’aggrave encore davantage. Mais ce combat de longue haleine ne peut être mené efficacement que dans l'unité de l'ensemble des travailleurs.

Prolétaires de toute l'Europe unissez-vous.

M.B

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  1. http://www.naftemporiki.gr/finance/story/976680/the-greek-reform-proposals

  2. http://syriza-fr.org/2015/01/28/le-cadre-de-programme-gouvernemental-de-syriza/

  3. Ibid

  4. http://syriza-fr.org/tag/alexis-tsipras/page/4/

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 20:15
Que l'étincelle grecque embrase toute l'Europe !

La Grèce, pays de Thalès, de Socrate, de Démocrite et d’Épicure, pour ne citer que ceux-là, est aujourd'hui mise à terre, méprisée et humiliée par une horde de barbares, comme des vampires sans foi ni loi, qui pompent et vident le peuple grec de sa substance vitale. Ils portent des noms étranges : Fonds vautours, hedge funds, Zinzins, Troïka etc. Certains sont même sans visage : marchés financiers, Fonds de pension, Fonds de placement, agences de notation, Fonds souverains, Fonds européen de stabilité financière etc. Ils utilisent un langage dont les mots signifient souvent le contraire de ce qu'ils annoncent : réforme, stabilité, solidarité, assistance, dialogue, modernisation, aide, sauvetage. Le caractère monstrueux de ces mensonges reste, pour l'immense majorité des citoyens, invisible. Leurs discours omniprésents et omnipotents n'ont de sens que dans le contexte de la propagande, en dehors de ce cadre ils restent des sons vide de tout sens. Avec ou sans visage, ils poursuivent tous inlassablement un seul et même objectif : confisquer les richesses de tout un peuple pour les transférer par des mécanismes complexes aux banquiers, aux créanciers, aux spéculateurs, aux usuriers et autres parasites du monde entier.

Ces monstres sont soutenus, encouragés et protégés par des hommes et des femmes plus ou moins impliqués dans des affaires de corruption, de scandales fiscaux, de mœurs comme Dominique Strauss khan ancien président du FMI, remplacé par Christine Lagarde (affaire Tapie-Crédit lyonnais), Jean Claude Juncker président de la Commission européenne(affaire LuxLeaks, accords secrets passés avec 340 multinationales qui leur permettent de transférer leurs profits au Luxembourg pour échapper à l'impôt sur les bénéfices) etc.

Ces dirigeants corrompus ou dissolus s'appuient eux-mêmes sur des politiciens dont la seule et unique mission est de servir les puissants : A. Merkel, W. Schäuble (ministre allemand des finances) N. Sarkozy, F. Hollande, D. Tusk (président du Conseil européen), George Papandréou et Antonis Samaras (anciens premiers ministres grecs chantres de l'austérité) etc.

Leur soif du sang grec est insatiable. Plus ils en sucent, mieux ils se portent. Plus la situation économique est catastrophique plus ils exigent de se servir davantage et cela jusqu'au dernier euro. Même les plages, les forêts, les ports, les sites culturels, les autoroutes, les îles, la Poste, les chemins de fer, les aéroports etc. doivent passer entre les mains de spéculateurs dont le visage hideux change constamment. La privatisation doit être totale, intégrale.

La meute, comme les chacals, ne quitte jamais sa proie avant de l'épuiser pour mieux la dévorer ; c'est la curée. Elle s'attaque d'abord aux maillons faibles, les PIGS (cochons) comme les appellent avec mépris les technocrates de Bruxelles : Portugal, Italie, Grèce et Espagne avant de se retourner contre les autres pays membres de l'Union. La Grèce ne constitue que le point de départ vers un modèle qui sera généralisé et où la meute des spéculateurs, des banquiers et autres créanciers dominera les peuples d'Europe qui perdront leur autonomie, leur souveraineté et la maîtrise de leur destin. Ils seront ainsi réduits à travailler sans relâche, comme des esclaves, pour le plus grand bonheur des détenteurs du capital.

Le peuple grec s'est montré cependant plus résistant et plus combatif que ne l'imaginaient ses oppresseurs. Il s'est dressé courageusement face à ses tyrans qui veulent le réduire à l'esclavage. Mais dans ce combat inégal, le peuple grec est quasiment seul. Les bourgeoisies de tous les pays et leurs institutions se sont coalisées contre ce petit pays. Non seulement elles lui imposent une succession de plans d'une extrême austérité qui ont ruiné son économie, mais elles lui dictent ses choix politiques et la manière même de choisir ses propres dirigeants. J.C Juncker, président de la Commission européenne, avait appelé pour les élections législatives anticipées du 25 janvier 2015 à voter contre A.Tsipras dont le programme s'opposait justement à cette terrible politique d'austérité qui a plongé la Grèce dans la misère et le désespoir. Et lorsque A. Tsipras, face aux ultimatums de la meute des créanciers et leurs représentants, a décidé de faire appel au peuple pour dire « Non » à un énième plan d'austérité en organisant un référendum, J.C Juncker, encore lui, appelle à voter pour le plan des créanciers ( réduction des pensions de retraite, augmentation de la TVA supportée essentiellement par les plus démunis, baisse du nombre et des salaires des fonctionnaires etc.).

Le combat du peuple grec montre d'une manière éclatante combien les institutions européennes sont antidémocratiques. Le mépris de la volonté des peuples et de la démocratie est une constante de l'Union. Rappelons pour mémoire que les peuples danois, français, néerlandais et irlandais ont rejeté par référendum le traité de Maastricht, le projet de traité constitutionnel et le traité de Lisbonne en 1992, en 2005 et en 2008. Mais cette volonté populaire a tout simplement été ignorée par l'Union européenne. Sa réaction épidermique et agressive contre le référendum grec du 5 juillet 2015 montre combien il lui est insupportable d'accepter le moindre processus permettant aux peuples d'exprimer leur volonté. La plupart des décisions de l'Union européenne sont prises dans l'ombre pour ne pas dire dans l'obscurité la plus totale. Les négociations qu'elle a menées avec les États-Unis pour conclure un accord de libre échange (Trans-Atlantic Free Trade Agreement ou TAFTA) est un exemple éloquent de cette opacité. Les intérêts qu'elle défend sont en totale contradiction avec ceux des peuples. L' Union se présente ainsi comme un pouvoir indépendant et au-dessus des citoyens. Elle est l'ennemie des peuples et de la démocratie. La démocratie du capital reste un concept creux sans contenu réel utilisé par la classe dominante comme instrument idéologique au service exclusif de ses intérêts.

Le combat du peuple grec n'est donc pas seulement économique, il est aussi politique et constitue une véritable lutte pour des valeurs et des principes de démocratie et de souveraineté des peuples : «Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec.» a déclaré A.Tsipras dans la nuit du 26 au 27 juin sur la télévision publique grecque (1).

Cette lutte inégale qui semble perdue d'avance reste cependant porteuse d'espoir. Elle élargit un peu plus les fissures , encore minuscules, qui apparaissent dans cette construction hideuse qu'est l'Union européenne. Ce combat nous enseigne également que la social-démocratie sous toutes ses formes (PASOK, SPD, PS, PSOE, Parti travailliste etc.) porte une lourde responsabilité dans l'étouffement des mouvements sociaux et constitue un frein à toute transformation qualitative de la société. Elle est au service de la classe dominante (2). Il faut donc construire une alternative en dehors de ce courant politique. Les contradictions entre les intérêts des peuples et ceux des institutions européennes n'exploseront pas d'elles-mêmes. Le combat du peuple grec peut servir d'étincelle qui embraserait toute l'Europe si les autres peuples prenaient conscience de l'urgence du changement. Mais même la conscience la plus lucide, reste impuissante tant qu'elle ne s'appuie pas sur des forces sociales organisées et déterminées à mener ce combat jusqu’à son terme. Seule la classe ouvrière, négation vivante de l'ordre établi de part sa position dans le processus de production, a objectivement intérêt à se préparer à cette lutte que lui impose le capital. Elle trouvera en face d'elle une classe puissante qui possède tous les pouvoirs et qui est déterminée à briser la moindre résistance afin de perpétuer ses privilèges. La classe ouvrière, même affaiblie par un chômage de masse, n'a d'autres choix que de se dresser contre la dictature du capital si elle ne veut pas que sa situation matérielle déjà dégradée ne s’aggrave encore davantage. Mais ce combat de longue haleine ne peut-être mené efficacement que dans l'unité de l'ensemble des travailleurs.

Prolétaires de toute l'Europe unissez-vous.

M.B

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(1) http://syriza-fr.org/2015/06/27/allocution-du-premier-ministre-a-tsipras-au-peuple-grec-le-choix-au-peuple-souverain-referendum/

(2) http://belaali.over-blog.com/article-social-democratie-et-collaboration-de-classes-50152165.html

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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 17:54
Qu'elle est jolie la république bourgeoise ! (acte 4)

« Le vol est la passion maîtresse de la bourgeoisie, et il faut qu'à tout prix

elle satisfasse sa passion». Paul Lafargue.

Un premier ministre qui voyage avec ses deux fils aux frais des contribuables, un ancien président de la République condamné en correctionnelle à deux ans de prison avec sursis, un autre ancien président poursuivi par la justice pour une demi-douzaine d'affaires, un ancien ministre de l'intérieur utilise de l'argent public pour ses dépenses privées, un éphémère secrétaire d’État refuse de payer ses impôts, un conseillé du président de la République se fait cirer ses trente paires de chaussures de luxe au château, etc. etc. Il ne s'agit là que du début d'une très longue liste d'hommes sans éthique ni morale politique. Et même ceux parmi ces dirigeants qui sont honnêtes et intègres, sont obligés de laisser faire, montrant ainsi leur impuissance face à un système qui les dépasse.

Une seule chose compte pour eux : servir les puissants qui leurs permettent de se servir dans les deniers publics. Leur mépris du peuple n'a d'égal que leur vile soumission aux plus riches. Tous ces hommes corrompus mènent directement et indirectement des politiques de classe qui consistent à confisquer la richesse produite par l'immense majorité pour l'offrir à une minorité de parasites.

Le parti « Socialiste » comme l'UMP (les Républicains aujourd'hui) qui alternent au pouvoir déploient un zèle singulier à servir les puissants : destruction systématique des services publics de l’Éducation, de la Santé, des Transports, de l'Emploi, de la Culture, baisse continue des retraites, précarisation et flexibilisation du marché du travail, démantèlement du Droit du travail, augmentation de la TVA payée essentiellement par les plus démunis, cadeaux fiscaux pour les plus riches, des milliards d'euros octroyés sans contrepartie aucune aux banques et aux grandes entreprises, bref tout pour le capital et les patrons et rien pour le travail et les travailleurs.

La rigueur de cette politique d'austérité contraste violemment avec la lâcheté et la misère morale de ceux qui l'appliquent.

La paupérisation de larges franges de la population est la conséquence directe de cette politique économique de classe. Les « socialistes » par exemple qui ont tant promis au peuple, ont plongé le pays en si peu de temps dans la misère et le désespoir ouvrant ainsi la voie à une extrême droite toujours prête à sauter sur le pouvoir pour servir encore mieux les plus riches.

En contrepartie, la classe dominante les laisse se servir dans les fonds publics. Mieux, elle leur offre sa protection judiciaire et politique. Les hommes politiques corrompus sont rarement condamnés. La relaxe et le non lieu restent largement majoritaires et l’inéligibilité rarissime. Les condamnations, lorsqu'elles existent, se résument à des peines symboliques comme la prison avec sursis ou des amendes dérisoires par rapport aux sommes concernées. L'impunité n'est donc pas un sentiment mais une réalité. Mr. Sarkozy, malgré l'impressionnante liste des affaires qui le concernent reste insaisissable par la justice .

La politique, à condition de savoir gérer et servir les intérêts des riches, est un vaste domaine qui offre des possibilités fabuleuses d'enrichissement personnel ou de son organisation en puisant dans l'argent public.

Plus un homme politique est corrompu, plus il a de chances d'être réélu ! Le cas d'Alain Juppé est exemplaire à cet égard. L'ancien premier ministre de Jacques Chirac (1995 /1997) a été condamné en appel le 1er. décembre 2004 à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité pour « prise illégale d'intérêt » c'est à dire qu'il utilisait l'argent public pour rémunérer les militants de son propre parti (RPR à l'époque). Voici un court extrait des attendus justifiant cette condamnation : « Que la nature des faits commis est insupportable au corps social comme contraire à la volonté générale exprimée par la loi ; qu’agissant ainsi, Alain Juppé a, alors qu’il était investi d’un mandat électif public, trompé la confiance du peuple souverain » (1). Malgré cette condamnation, Alain Juppé est réélu en 2006 (élection partielle), en 2008 et en 2014 maire de Bordeaux et à chaque fois dès le premier tour !

Mr. Juppé se prépare maintenant à être président de cette République exemplaire et irréprochable. Mais le cas d'Alain Juppé n'est que l'arbre qui cache la forêt. Les hommes politiques condamnés ou inquiétés par la justice pour des scandales financiers et réélus sont innombrables. La classe dominante qui les nourrit a constamment besoin, pour ses propres intérêts, de ces politiciens corrompus. Elle est capable de produire et de reproduire autant que nécessaire cette catégorie d'hommes et de femmes qui ne reculent devant rien pour la servir.

Aujourd'hui on peut être un homme politique corrompu jusqu'à la moelle épinière et gagner les élections, c'est un trait caractéristique de la démocratie bourgeoise. Mieux, la corruption des hommes politiques est d'autant plus brutale, plus cynique que la République est plus démocratique.

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.

M.B

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(1) http://www1.rfi.fr/actufr/articles/049/article_26255.asp

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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 17:10
L'intervention saoudienne au Yémen

L'Arabie Saoudite est intervenue militairement au Yémen dans la nuit du mercredi au jeudi 26 mars 2015 avec l'aide des armées des pays du Golfe et des forces égyptiennes notamment.

Les États-Unis apportent leur soutien en logistique et en renseignement selon la porte-parole du Conseil national de sécurité (NSC) de la présidence américaine Bernadette Meehan.

Barack Obama a téléphoné au roi de l'Arabie saoudite pour l'assurer de son soutien. Le président yéménite Hadi a fui son pays sous protection saoudienne.

Une fois encore, L'Arabie Saoudite intervient dans les affaires intérieures du Yémen en violation flagrante du Droit international après avoir brisé le soulèvement pacifique de 2011.

Rappelons pour mémoire que cette révolte populaire a réussi à renverser le président Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 1978. Celui-ci s'est réfugié en Arabie Saoudite le lendemain du bombardement de son palais le 3 juin 2011 par le chef tribal Sadek al-Ahmar. C’est également l’Arabie Saoudite qui a soigné dans ses hôpitaux le président gravement blessé et permis enfin son retour au Yémen le 23 septembre de la même année. Et c'est à Riyad que l'accord de transfert de pouvoir entre Saleh et son vice président Abd Rabbo Mansour Hadi a été signé en présence du Roi d'Arabie (1).

Ces manœuvres saoudiennes ont créé une situation propice au chaos et à la guerre civile. Ce qui se passe aujourd'hui au Yémen est la conséquence directe de cette farouche volonté de l'Arabie Saoudite, sous l'égide de l'impérialisme américain, de maintenir le Yémen et toute cette région sous sa domination. L'Arabie Saoudite a toujours considéré le Yémen comme le prolongement de son propre territoire.

Rappelons également que c'est toujours l'Arabie Saoudite qui a envahi le petit royaume de Bahreïn le 14 mars 2011 mettant ainsi un terme, là encore, au magnifique combat pacifique contre la tyrannie de la dynastie des Al-Khalifa au pouvoir depuis plus de trois siècles.

La place de la Perle, au cœur de Manama la capitale de Bahreïn et haut lieu de la révolte populaire, a été évacuée dans le sang le 16 mars 2011. Le monument de la Place a été détruit et remplacé par les chars de l'armée saoudienne. Aujourd'hui encore, malgré une terrible répression, le peuple de Bahreïn résiste toujours à l'oppression dans l'indifférence absolue des bourgeoisies occidentales (2).

Toutes ces interventions contre des peuples en lutte sont rendues possibles grâce à la complicité totale des bourgeoisies américaines et européennes. Chaque soulèvement pacifique contre des régimes qui oppriment et maintiennent leurs peuples dans le sous développement et la misère, trouve sur son chemin l'impérialisme américain et ses alliés locaux à leur tête l'Arabie Saoudite. Chaque marche vers le progrès et la démocratie est stoppée par les forces réactionnaires qui cherchent à faire tourner la roue de l'histoire en arrière.

L'écrasement des soulèvements populaires et pacifiques des peuples du monde arabe, la destruction de l'Irak, de la Libye et la volonté de détruire la Syrie par l'impérialisme américain et ses alliés locaux ont créé les conditions matérielles pour le développement de l'obscurantisme, du terrorisme et de la guerre civile. L'impérialisme et la contre-révolution incarnée par l'Arabie Saoudite mènent une véritable guerre contre les aspirations à la démocratie et à la prospérité des masses opprimées.

L'impérialisme américain a toujours assigné au régime moyenâgeux d'Arabie Saoudite le rôle de rempart contre tout changement démocratique et progressiste dans cette région du monde.

Maintenir les peuples sous le joug de la servitude qui brise leur élan et leur vitalité reste pour l'impérialisme et ses valets locaux le meilleur moyen pour les dominer.

L'impérialisme est partout et toujours l'ennemi des peuples.

MB

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(1) http://www.belaali.com/article-manoeuvres-imperialistes-au-yemen-et-en-libye-86117584.html

(2) http://www.belaali.com/article-l-intervention-saoudienne-a-bahrein-et-le-silence-complice-des-bourgeoisies-occidentales-69874090.html

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6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 09:45
Charlie Hebdo et la liberté  bourgeoise d'expression

« Les idées dominantes d'une époque

n'ont jamais été que les idées de la classe dominante»

Karl Marx

«Je continue de prendre pour modèle de référence

le «Charlie» originel : le grand Charlie Chaplin qui ne s’est jamais moqué des pauvres»

Schlomo Sand

Rarement un concept n'a été aussi glorifié et exalté que la liberté d'expression. Président de la République, Gouvernement, Parlement et médias, dans une étrange communion, l'ont célébrée avec enthousiasme et exubérance. Et pendant que la classe dirigeante prétend défendre cette précieuse liberté, ses institutions répressives traquent, interpellent, jugent, condamnent et parfois emprisonnent tous ceux et toutes celles qui expriment une pensée différente ou tout simplement profèrent des mots vite interprétés comme faisant «l'apologie du terrorisme». Un climat détestable règne aujourd'hui en France. Une forme de terrorisme intellectuel et de fascisation des esprits s'installe insidieusement au nom de la liberté d'expression.

La classe dominante, sans vraiment le vouloir, présente sa liberté d'expression comme étant celle de toutes les autres classes sociales. Lorsqu'elle évoque la liberté d'expression, c'est à sa liberté qu'elle pense. Car elle est justement l'expression de ses propres intérêts. Ce qui est permis aux uns est interdit aux autres. Autrement comment peut-on expliquer cet acharnement à vouloir taire et étouffer tout ce qui se dresse, d'une manière ou d'une autre, contre la pensée dominante (voir le sort réservé aux syndicalistes, intellectuels contestataires, journalistes, humoristes, lanceurs d'alerte etc. etc. ). Les grands médias, qui ont une influence considérable sur l'opinion publique, sont concentrés entre les mains de puissants groupes industriels et financiers qui utilisent la liberté d'expression uniquement pour servir leurs intérêts économiques et idéologiques. La liberté d'expression reste un privilège de classe.

Est libre toute expression qui sert directement ou indirectement les intérêts dominants. Est suspecte, voire parfois criminelle, toute pensée différente. Même les enfants et les adolescents n'échappent pas à cette logique de suspicion et de répression (1). Leur parole spontanée heurte la vérité officielle. Il faut la condamner. Cette répression constitue par elle-même une éclatante négation de cette fameuse liberté bourgeoise d'expression.

Les idées autres que celles du pouvoir deviennent insupportables. Seule la liberté d'expression de la classe dominante doit régner: «L’école est en première ligne aussi pour répondre à une autre question car même là où il n’y a pas eu d’incidents il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves, et nous avons tous entendu les “oui je soutiens Charlie, mais…”, Les deux poids deux mesures. Pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ? Ces questions nous sont insupportables» déclarait une éminente représentante du Gouvernement (2). Donc plus de questionnements, plus d'interrogations, plus d'esprit critique, plus rien. Place au gavage et au dressage.

Beaucoup de professeurs travaillent aujourd'hui dans des conditions difficiles sous l’œil vigilant des parents d'élèves, de l'administration, de la police et des procureurs. Aucun professeur n'est à l'abri d'accusation, de dénonciation et autre délation.

Les citoyens ne doivent plus s'interroger sur le drame de Charlie Hebdo. Plus de questions sur les racines du terrorisme, sur le rôle des États-Unis, de la France, de l'Arabie Saoudite, du Qatar et de la Turquie dans la création de ces groupes armés qui sèment aujourd'hui la terreur un peu partout à travers la planète . Ils doivent seulement répéter ce que le pouvoir pense à leur place. C'est la seule liberté d'expression qu'on leur laisse.

Plus de questions non plus sur la société française qui produit et produira probablement encore des monstres. Car le questionnement, les interrogations et la recherche des causes complexes internes et externes du terrorisme peuvent mettre en exergue les liens étroits qui existent entre les bourgeoisies occidentales et le terrorisme. Les terroristes ne tombent pas du ciel comme la pluie. Ils sont le produit de leur société et de leurs conditions matérielles d'existence (3).

Pour la classe dirigeante, ces questions sont tout simplement «insupportables». La bourgeoisie est donc incapable de supporter une véritable liberté d'expression. Elle adopte en permanence de nouvelles lois, de plus en plus répressives, pour protéger sa propre liberté d'expression et partant ses propres intérêts. Elle s'attaque directement non seulement aux actes, mais également aux opinions (nouvel article 421- 2-5 du code pénal). Ainsi l'emploi du terme « apologie » dans la loi du 13 novembre 2014 renvoie à un discours, un écrit ou une opinion qui fait l'éloge ou qui glorifie le terrorisme. La loi confond ici opinion, aussi choquante soit-elle, et acte. Un écrit justifiant le terrorisme est assimilable à un acte terroriste. Il s'agit donc d'une pénalisation du délit d'opinion, une restriction à la liberté d'expression comme l'envisage la Cour européenne des droits de l'homme (4).

Mais au-delà de l'aspect judiciaire, c'est la dimension politique et idéologique qui intéresse la bourgeoisie. Il s'agit à travers la lutte contre le terrorisme de créer un climat, un sentiment d'union nationale permettant et facilitant non seulement de nouvelles attaques contre les libertés individuelles dont la liberté d'expression mais également l'application de politiques d'austérité qui ravagent aujourd'hui la France. Cet état d'esprit, basé sur l'exploitation de l'émotion, de la colère et de l'indignation suscitées par le drame de Charlie Hebdo, doit se prolonger le plus longtemps possible tellement il sert les intérêts de la classe dirigeante. « L’esprit du mois de janvier 2015, c’est l’unité de la République(...) Cet esprit-là, je dois le prolonger » disait le chef de l’État (5).

La liberté d'expression est une arme idéologique redoutable entre les mains de la bourgeoisie qui lui permet de mieux combattre celle des autres. Elle l'utilise pour marginaliser et réduire ses adversaires au silence tout en se présentant, paradoxalement, comme la grande protectrice de cette précieuse liberté. En définitive, la liberté d'expression est le reflet de cette lutte des classes qui déchire la société capitaliste.

MB

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(1) http://www.franceinfo.fr/emission/france-info-numerique/2014-2015/apologie-du-terrorisme-un-enfant-de-8-ans-convoque-par-la-police-28-01-2015-22-10

Voir également

http://www.laprovence.com/article/edition-arles/3246613/chateaurenard-ils-navaient-pas-respecte-laffiche-je-suis-charlie.html

(2) http://www.najat-vallaud-belkacem.com/2015/01/14/najat-vallaud-belkacem-je-mobilise-la-communaute-educative-pour-repondre-par-des-actes-forts/

(3) Même si le profil type du terroriste ou du djihadiste n'existe pas, il n'en demeure pas moins que les raisons profondes des terroristes français sont à chercher dans les conditions mêmes qui les ont vus naître et grandir. Il ne s'agit pas ici de justifier les horreurs et les crimes commis par ces terroristes et les souffrances qu'ils ont infligé aux familles des victimes, mais seulement d'évoquer très rapidement les situations économiques et sociales que subissent une partie des jeunes des classes populaires.

Quelle a été par exemple l'enfance des frères Kouachi ? Misérable ! Absence du père et une mère qui se prostituait pour pouvoir élever ses enfants. Abandonnée à son triste sort, elle a mis un terme à sa vie. Il ne s'agit là que d'un exemple parmi tant d'autres tellement la situation faite aux enfants des travailleurs immigrés par la classe dominante est insupportable. Parqués dans des ghettos entourant les grandes métropoles industrielles, ils subissent plus que les autres catégories de la population toute sorte de violence, d'humiliation, de rejet et de mépris. Leur religion est caricaturée au sens propre et figuré par une partie des médias et par des intellectuels au service de l'ordre établi. La laïcité est souvent utilisée comme une arme contre l'Islam et les musulmans de France. Le monde politique et médiatique leur est hermétiquement fermé. La liste des jeunes, morts dans les commissariats ou lors des interpellations est, hélas, trop longue. Échec scolaire, discriminations massives à l'embauche et au logement, insultes des hommes politiques (sauvageons, voyous, racaille, Kärcher, Casseurs... ), contrôles au faciès ont convaincu ces damnés de la terre qu'ils ne font pas partie de la communauté nationale. http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_onzus_2011.pdf voir également : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/114000053/0000.pdf

Rejetés, frustrés et désespérés, une petite minorité de ces jeunes tombent facilement dans les griffes des recruteurs professionnels qui les arrachent littéralement à leur milieu et à leur famille. Contre les humiliations accumulées, le djihad est vécu comme une revanche violente contre une République qui les a vus naître sur son sol, mais qui les a rejetés.

La propagande intense développée par les bourgeoisies occidentales contre le régime de Bachar a largement contribué au départ de ces jeunes pour la Syrie avec la complicité de la Turquie. Le soutien indéfectible des gouvernements occidentaux à l’État d’Israël et la destruction de l'Afghanistan, de l'Irak, de la Libye et aujourd'hui de la Syrie avec l'aide des groupes terroristes qu'ils ont créés sont vus par ces jeunes non pas comme des calculs et des manœuvres de l'impérialisme pour servir ses intérêts économiques et stratégiques, mais comme une guerre de l'occident contre l'Islam et les musulmans.

(4) http://www.vigo-avocats.com/media/article/s6/id566/cff8e3f8340f9c9dc69208fa42eae912.pdf

(5) http://www.elysee.fr/conferences-de-presse/article/5e-conference-de-presse-du-president-francois-hollande-2/

Charlie Hebdo et la liberté  bourgeoise d'expression
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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 17:52
Charlie Hebdo, manipulation politique et hystérie collective

Le sept, le huit et le neuf janvier 2015 dix-sept personnes sont tombées sous les balles des fanatiques religieux. Journalistes, dessinateurs, policiers, agent de nettoyage et de simples citoyens ont été froidement et lâchement assassinés par trois hommes se réclamant du groupe terroriste Al Qaeda. Ce massacre doit être dénoncé avec force et sincérité. Le crime ne doit laisser aucun homme, aucune femme indifférent et insensible à la douleur des familles.

Alors que le sang des victimes n'a pas encore séché, une étrange atmosphère s'est abattue sur la France. Rarement récupération politique, hypocrisie et cynisme ont atteint une telle intensité. Dans les médias, l'hystérie est à son paroxysme.

Au nom de «l'unité nationale» et au nom de «la liberté d'expression», on étouffe toute velléité et toute possibilité d'exprimer librement une pensée différente. Toute voix discordante est suspectée, marginalisée et subtilement réprimée. On doit tous, sans exception, être Charlie. La raison doit entrer en sommeil. Elle se réveillera peut-être plus tard. Pour l'instant seule compte la soumission totale à l'union sacrée contre le terrorisme. Une forme lente de fascisation des esprits s'installe insidieusement.

Les hérétiques n'ont pas leur place dans ce beau concert d'unanimité. Leurs pensées en elles- mêmes constituent une offense, un affront et une insulte au discours dominant.

Qui a créé le terrorisme et les terroristes ? Qui les arme, les finance, les entraîne ? Quel est le rôle des États-Unis, de l'Arabie Saoudite, du Qatar, de la Turquie et des gouvernements européens notamment français ? Qui incitait les jeunes à partir en Syrie mener la guerre sainte contre le régime de Bachar ? Qui a créé de toute pièce les rebelles syriens, libyens et les moudjahidins de la liberté ? Beaucoup d'interrogations qui sont aujourd'hui occultées et maintenues dans l'ombre. La foule doit rester dans l'ignorance. Et comme disait Orwell dans 1984 «L'ignorance c'est la force» !

L'unité doit être complète, parfaite, totale. Les hommes, les femmes, les enfants, les jeunes et les moins jeunes doivent marcher ensemble derrière le chef de l’État. Car «nous devons être nous-mêmes conscients que notre meilleure arme, c’est notre unité, l’unité de tous nos concitoyens face à cette épreuve. Rien ne peut nous diviser, rien ne doit nous opposer, rien ne doit nous séparer» (1).

Le président de la République demande, sans exception aucune, à tous les citoyens, partis politiques, syndicats, associations etc. de descendre dans la rue pour marcher main dans la main derrière Hollande, Sarkozy, Merkel, Rajoy, Cameron, les représentants de L'union et de la Commission européenne, du secrétaire général de l'OTAN (bras armé de l'impérialisme), Netanyahou, Avigdor Lieberman (deux criminels de guerre) et bien d'autres dirigeants responsables directement ou indirectement de l'existence même du terrorisme qui a tué, à Paris, froidement et lâchement dix-sept personnes innocentes et continue à semer la mort à travers toute la planète. «Les mauvaises graines qu’ils (les dirigeants) ont semées à travers la planète ont produit une moisson abondante de groupes dont la cruauté et la barbarie s’inspirent directement de celles de leurs maîtres. L’Arabie Saoudite, modèle de démocratie et du respect des droits de l’homme et surtout de la femme, décapite au sabre et en public chaque année des dizaines d’hommes. Or l’Arabie reste le soutien financier et idéoligique (le wahhabisme) le plus décisif des nombreuses organisations djihadistes réactionnaires » (2).

L'Islam, les musulmans, les enfants des travailleurs immigrés sont montrés du doigt et présentés par une partie de la population et par les médias comme responsables de la tuerie. Des mosquées ont été taguées, des vitrines kebab soufflées par des explosions, des voitures appartenant à des familles musulmanes criblées de balles, des personnes agressées physiquement un peu partout en France et en Corse. Le racisme et la haine sont ainsi attisés par les médias, les hommes politiques, certains romanciers et les forces d'extrême droite qui exploitent jusqu’à la moelle le massacre de Charlie Hebdo. L'attentat et la gigantesque manipulation politique et médiatique qui l'ont suivi n'ont fait qu'exacerber un racisme latent, plus ou mois refoulé.

L'amalgame entre Islam et terrorisme, l'islamophobie, le racisme ambiant sont des armes efficaces utilisées par la classe dominante, à travers le pouvoir politique et médiatique, pour mieux occulter sa responsabilité dans la situation économique et sociale désastreuse que connaît la France aujourd'hui. La désignation d'un bouc émissaire permet aussi de détourner les masses populaires des vrais problèmes qui les rongent au quotidien. Dans ce sens, l'attentat contre Charlie Hebdo constitue une véritable aubaine pour le gouvernement qui poursuivra, sans risque aucun, sa politique d'austérité entièrement au service du patronat. Les terroristes, sans le vouloir, lui rendent donc un immense service .

Malheureusement Charlie Hebdo , même si cela relève de son droit et de sa liberté, a beaucoup contribué au développement de cette ambiance détestable de stigmatisation et de mépris des musulmans de France.

Depuis le 11 septembre 2001 sous la houlette de Philippe Val et Caroline Fourest notamment, Charlie Hebdo n'a cessé de déverser sa haine contre les musulmans. Il a fait de l'islamophobie l'axe central de sa ligne éditoriale. Au fil du temps, Charlie Hebdo a perdu sa fibre contestataire pour devenir un simple canard islamophobe au service de l'ordre établi.

Mohamed Belaali

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  1. http://www.elysee.fr/chronologie/#e8251,2015-01-07,allocution-du-president-de-la-republique-a-la-suite-de-l-attentat-au-siege-de-charlie-hebdo

(2) http://www.belaali.com/2014/11/le-terrorisme-produit-authentique-de-l-imperialisme.html

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 13:23
Le terrorisme, produit authentique de l'impérialisme

Taliban, Al Qaeda, Aqmi, Boko Haram, Rebelles libyens, Rebelles syriens, Daech, Al Nosra, Khorassane, ne sont que des noms, parmi tant d'autres, pour désigner des organisations et des mouvements créés, financés, entraînés et armés directement et indirectement par l'impérialisme américain et son caniche européen dans le seul et unique but de servir leurs intérêts économiques et stratégiques. En condamnant toutes les voies et toutes les issues progressistes, l'impérialisme a ouvert la boîte de Pandore libérant des monstres qui essaiment un peu partout et qui lui servent de prétexte pour d'éventuelles interventions dans les pays qui lui sont réfractaires. L'impérialisme est le père de tous les terrorismes.

La violence des groupes «terroristes» aussi barbare soit-elle, est peu de chose par rapport à la terreur que l'impérialisme exerce sur les peuples qui refusent de se soumettre à sa domination. Un pays comme l'Irak est aujourd'hui dans un état de décomposition avancé. L’intégrité du pays et son unité ne sont désormais qu'un lointain souvenir. Les guerres impérialistes dans ce pays ont laissé derrière elles des centaines de milliers de morts. C'est Madeleine Albrith qui justifiait froidement en 1996 la mort de 500 000 enfants irakiens. Le nombre de blessés et de refugiés se chiffre par million. La population est réduite à vivre dans des conditions infra-humaines. Ce que subit aujourd’hui le peuple irakien donne la mesure de la barbarie et de la cruauté dont l'impérialisme est capable (1). Toute l'histoire de l'impérialisme américain n'est qu'une suite de crimes, de guerres et de massacres perpétrés à travers toute la planète. Contre la culture de l'amnésie propagée par les médias bourgeois, citons quelques faits marquants du XXème et du XXI ème siècle: Hiroshima et Nakasaki, Corée (nord et sud), Indonésie, Viêt-nam, Afghanistan,Yougoslavie, Irak, Libye et Syrie. L'impérialisme américain a soutenu les régimes les plus rétrogrades, les dictateurs les plus féroces comme Suharto l'indonésien, Marcos le philippin, Pinochet le chilien, Videla l'argentin, Uribi le colombien, Ben Ali le tunisien, Moubarak l'égyptien etc.etc.

L'empire américain a dressé des fanatiques religieux contre Nasser en Egypte, contre Sukarno en Indonésie, contre Bhutto au Pakistan, contre Najibullah en Afghanistan. Le but est de contrer et d'étouffer toute pensée et tout mouvement communiste ou même nationaliste. Au Pakistan par exemple, le général dictateur Zia a renversé le gouvernement démocratiquement élu d'Ali Bhutto grâce au soutien décisif de Washington. Pour asseoir son pouvoir et mater toute opposition laïque, le dictateur instrumentalise l'Islam. «Les hommes de Zia étaient obtus, insensibles et cruels. Le nouveau régime avait décidé d'utiliser l'Islam comme machine de guerre ; ses partisans barbus, souvent incroyablement stupides, étaient opportunistes jusqu'à la moelle. Ils mêlaient la religion aux profanations les plus viles» écrivait Tariq Ali dans «Le choc des intégrismes» (2). Des Madrassas (écoles coraniques) fleurissaient alors un peu partout au Pakistan. En plus de la formation religieuse, on apprenait à ces talibans (étudiants) le maniement des armes et les techniques de la guérilla. Il s'agit en fait de centres d'endoctrinement gérés et contrôlés par les fameux services secrets pakistanais ISI (Inter-Services Intelligence). De ces écoles religieuses naquirent des dizaines de milliers de fanatiques prêts à tous les sacrifices. L'impérialisme avait besoin de Zia et de ses talibans pour renverser d'abord le gouvernement pro-soviétique, installé à Kaboul, et surtout livrer la guerre aux troupes Soviétiques présentes sur le sol Afghan ensuite. Les talibans sont ainsi devenus, par la grâce des dollars américains et des pétrodollars saoudiens les « moudjahidins de la liberté» qui allaient mener le djihad (la guerre sainte) contre les « communistes » afghans et leur protecteur soviètique. Dans son interview accordée au Nouvel Observateur, le chef de la sécurité nationale de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski déclarait ceci :

- Nouvel Observateur: «Vous ne regrettez pas non plus d'avoir favorisé l'intégrisme islamiste, d'avoir donné des armes, des conseils à des futurs terroristes?»

- Zbigniew Brzezinski : «Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide?» (3).

Rappelons que pendant la guerre contre l'Union soviétique, le dictateur Zia et ses services de renseignement ont demandé à l'Arabie Saoudite de dépêcher un membre de la famille royale pour superviser la «guerre sainte». Faute de pouvoir trouver un émir, c'est un certain Oussama Ben Laden qui fut envoyé !!

Le chaos que connaît actuellement la Libye est la conséquence directe de l'intervention militaire américaine et européenne dans ce pays (4). Les nombreuses milices islamistes qui font régner aujourd'hui la terreur dans ce pays martyr, avaient non seulement servi de troupes terrestres aux bombardements de l'OTAN , bras armé de l'impérialisme, mais également de justification et de légitimation de l'intervention impérialiste pour renverser le régime de Kadhafi. La propagande des médias américains et européens présentaient ces djihadistes comme des «rebelles» et des «révolutionnaires» prêts à se sacrifier pour la liberté et la démocratie. Il fallait donc les entraîner, les armer et les financer. Et c'est grâce à L'OTAN que ces milices sont entrées triomphalement à Tripoli. Abdelhakim Belhaj, «l'émir» du Groupe islamique combattant (GIC) lié à Al Qaeda, remerciait d'ailleurs publiquement les dirigeants américains et européens de lui avoir offert ce triomphe (5). Rappelons que les chefs de ce groupe sont tous formés par la CIA en Afghanistan pour combattre l'armée soviétique. Derna, ville libyenne sur la méditerranée, est aujourd'hui dirigée par ce que l'on appelle communément l'Etat Islamique (EI). Le contrôle de cette ville par EI est rendu possible grâce à la collaboration d'une autre milice, Ansar Al Charia, farouche opposante au régime disparu de Kadhafi.

La destruction de l’État libyen par l'OTAN et ses alliés islamistes a permis par ailleurs le pillage des arsenaux militaires par des groupes djihadistes opérant en Tunisie, en Égypte et surtout au nord Mali. La France qui est intervenue dans ce dernier pays pour mener «la guerre au terrorisme», a participé activement au renversement du régime libyen en soutenant les milices islamistes ! Les mêmes groupes armés sont traités tantôt de «terroristes», tantôt de «rebelles» en fonction des seuls intérêts de la bourgeoisie.

La Turquie, dirigée aujourd'hui par un gouvernement islamiste et conservateur, affiche ostensiblement sa volonté de renverser le régime laïc baassiste syrien. Il faut préciser que la Turquie est membre à part entière de l'OTAN et alliée de poids de l'impérialisme américain dans la région. Son soutien aux «rebelles syriens» est total. Les frontières turques sont largement ouvertes aux « rebelles » et aux mercenaires du monde entier pour mener la «guerre sainte» au régime syrien. La Turquie sert de base arrière aux islamistes de tout bord pour se soigner, se reposer et surtout pour s'entraîner. Mais cette volonté de la Turquie de renverser le régime baassiste par tous les moyens n'est rendue possible que grâce à la complicité de l'impérialisme américain et européen.

Vouloir installer par la violence des gouvernements à leur solde, l'impérialisme et ses alliés locaux n'ont pas hésité à soutenir des mouvements politiques dont l'Islam n'est qu'un voile derrière lequel se cachent les intérêts des uns et des autres. Les mauvaises graines qu'ils ont semées à travers la planète ont produit une moisson abondante de groupes dont la cruauté et la barbarie s'inspirent directement de celles de leurs maîtres. L'Arabie Saoudite, modèle de démocratie et du respect des droits de l'homme et surtout de la femme, décapite au sabre et en public chaque année des dizaines d'hommes. Or l'Arabie reste le soutien financier et idéoligique (le wahhabisme) le plus décisif des nombreuses organisations djihadistes réactionnaires qui opèrent notamment en Irak et en Syrie. Mais l'Arabie Saoudite est également pour l'impérialisme américain, en plus de ses richesses pétrolières, le rempart le plus solide contre toute idée et tout régime démocratique, progressite et laïc : «Les richesses pétrolières enfouies sous le sable de l'Arabie, le rôle de défenseur des intérêts impériaux de l'impérialisme américain font de cet État féodal un «ami» de toutes les bourgeoisies occidentales et l'ennemi de tous les travailleurs» (6). Le terrorisme est à l'image de l'impérialisme.

Mohamed Belaali

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(1) http://www.belaali.com/article-les-ravages-de-la-guerre-imperialiste-en-irak-48981793.html

(2) Tarik Ali «Le choc des intégrismes »,Textuel,2002, page 215

(3) Le Nouvel Observateur du 15-21 janvier 1998

(4) http://www.belaali.com/article-la-libye-apres-l-intervention-imperialiste-108002868.html

(5) http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/libye-abdelhakim-belhaj-l-islamiste-qui-remercie-les-occidentaux_1027938.html

Voir également son portrait dressé par le journal Libération

http://www.liberation.fr/monde/2011/08/26/abdelhakim-belhaj-le-retour-d-al-qaeda_757094

(6) http://www.belaali.com/article-arabie-saoudite-le-silence-complice-des-bourgeoisies-occidentales-sur-les-revoltes-populaires-109557989.html

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