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25 avril 2024 4 25 /04 /avril /2024 06:54

 

Il est difficile sous le régime de Macron de s'opposer au génocide qui se déroule sous nos yeux à Gaza. Antisémitisme, apologie du terrorisme, interdiction des conférences sur la Palestine, interdiction des manifestations, de réunions, de projections de films, dissolution d'associations de soutien aux palestiniens, arrestations, expulsions, licenciements, amendes, etc. tous les prétextes sont bons pour étouffer les voix qui dénoncent la barbarie sioniste. La liste de militants et militantes, de penseurs, de poètes, d'artistes, d'universitaires, de journalistes, de syndicalistes, d'hommes et de femmes politiques, accusés d'antisémitisme ou d'apologie du terrorisme est impressionnante. En France, la solidarité avec la Palestine est désormais un délit puni par la loi (1). Au nom de l'Etat d'Israël on réprime toute velléité d'exprimer une opinion, une pensée différente de celle du pouvoir. Toute contestation, toute opposition et toute dénonciation de l'entité sioniste aussi minime soit-elle est impitoyablement réprimée et l'antisionisme se confond avec l'antisémitisme. Toute critique est antisémite. Emmanuel Macron ne disait-il pas en mars 2022 que "l’antisémitisme et l’antisionisme sont les ennemis de notre République" ? (2) La résistance à la politique de l'Etat d'Israël est systématiquement qualifiée de terrorisme. Même si la résistance à l'occupant est un droit naturel reconnu par les Nations Unies, le peuple palestinien est réduit à des «bandes de terroristes» qui menacent l'existence même d'Israël !

En parallèle de ces attaques contre la liberté d'expression, une violente campagne est menée tambour battant par les médias du pouvoir et des milliardaires contre les opposants à la guerre d'extermination menée par le gouvernement israélien contre le peuple palestinien. Leur alignement sur la propagande de l'armée israélienne les poussent à délégitimer, à stigmatiser, à déformer systématiquement tous les propos qui ne vont pas dans le sens du soutien à l'entité sioniste.

Il faut vaille que vaille soutenir l'Etat d'Israël et accepter dans le silence l'extermination du peuple palestinien qui constitue un obstacle vivant à la réalisation du Grand Israël dont rêvaient tous les dirigeants sionistes, toute tendance confondue, de Herzl à Netanyahou en passant par Weizmann, Ben Gourion et Jabotinsky. Les massacres d’Israël doivent se faire "dans les murmures ou dans un silence total (...)" écrivait Jean Genet dans "Quatre heures à Chatila" (3).

Le but final d'Israël et des puissances oppressives occidentales est d'exterminer le peuple palestinien si son expulsion hors de la Palestine s'avère impossible.

Mais les palestiniens, comme tous les autres peuples du monde, ne renonceront jamais à leur terre. Le leader le moins hypocrite du sionisme politique Vladimir Jabotinsky le disait lui-même :

"Tout peuple indigène considère son pays comme son foyer national dont il sera toujours complètement le maître. Il ne tolérera jamais volontairement, non seulement un nouveau maître, mais même un nouveau partenaire (...). La colonisation ne peut être menée que contre la volonté des Arabes palestiniens".(4)

Le poète palestinien Tawfik Zayyad exprime lui aussi l'attachement de son peuple à la terre palestinienne. Sa poésie se confond avec cette terre tant aimée, cette "terre violée" de la Palestine come il disait :

"Ici nous resterons

Gardiens de l'ombre des orangers et des oliviers

Si nous avons soif nous presserons les pierres

Nous mangerons de la terre si nous avons faim mais nous ne partirons pas !!

Ici nous avons un passé un présent et un avenir" (5)

 

Mohamed Belaali

 

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(1)Voir entre autres https://www.justice.gouv.fr/sites/default/files/2023-10/JUSD2327199C.pdf

(2)https://orientxxi.info/magazine/la-criminalisation-de-la-solidarite-avec-la-palestine-gagne-du-terrain-en,6613

(3)Jean Genet, "L’ennemi déclaré". Textes et entretiens. Gallimard. Page 243.

(4)Lottfallah Soliman "Pour une histoire profane de la Palestine" page 34

(5)https://www.belaali.com/2022/05/un-poete-palestinien-tawfik-zayyad.html
 

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17 avril 2024 3 17 /04 /avril /2024 07:08

 

"Sait-on assez où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de

chacun d'entre nous ?". Franck Pavloff

 

Perte de repères idéologiques, guerre ouverte contre les chômeurs, les malades et les pauvres en général, "économie de guerre" face à la menace extérieure, indifférence aux tragédies humaines qui endeuillent notre planète, manipulation de la population par les médias de masse contrôlés par le pouvoir et les milliardaires, frustrations, passivité et résignation populaires, montée des idées xénophobes, banalisation des discours racistes par des chaînes de télévision très complaisantes, persécution des musulmans qui remplacent les juifs d'hier, un seul et même parti donné toujours gagnant par les sondages et les médias, "Voisins Vigilants" parallèlement à la police qui traquent délinquants et voleurs, uniforme à l'école, gavage et dressage en guise d'enseignement, etc. etc. Voici quelques éléments qui dominent la vie quotidienne dans la France d'aujourd'hui secouée par une crise économique profonde.
Ces idées sont en train de contaminer les masses et la plupart des organisations politiques et syndicales. Elles risquent de s'emparer du pouvoir de l'Etat. C'est peut-être la fin d'une période et le début d'une autre. Déjà très dégradées aujourd'hui, les libertés individuelles et collectives le seront encore davantage demain. Mais la majorité de la population s'adaptera facilement et rapidement à la nouvelle situation.

Il deviendra alors difficile d'exprimer une opinion différente de celle du pouvoir. Toute pensée libre sera réduite au silence. Les hérétiques seront persécutés et leur parole confisquée. L'opposition, si elle n'est pas encore domestiquée et intégrée, sera affaiblie et muselée. Toute voix discordante sera suspectée et réprimée. Seule compte le rassemblement et l'unité nationale.

La répression, le conformisme et la servilité constitueront la base de la cohésion sociale.

Des mots comme "classe" "exploitation" "domination" "révolution" par exemple perdront leur contenu critique et la transformation radicale de la société apparaîtra comme utopique, irrationnelle et finalement irréalisable.

La propagande, la manipulation, l'endoctrinement permanents remplacent l'information, les apparences se confondent avec la réalité, la différence entre ce qui est vrai et ce qui est faux est difficile à établir et les intérêts d'une petite minorité de riches deviennent les intérêts de tous.

Les opprimés ainsi conditionnés sont poussés à choisir "librement et démocratiquement" leurs oppresseurs, renouvelant alors sans vraiment le vouloir leur propre servitude.

 

Mohamed Belaali

 

 

 

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10 avril 2024 3 10 /04 /avril /2024 06:56

L'écrivain palestinien Walid Daqqa est décédé le 7 avril 2024 en détention après avoir passé 38 ans dans les prisons israéliennes, "lieu sans portes" comme il disait. Atteint du cancer de la moelle osseuse, il a été privé de soins médicaux. "Torturé, humilié, privé de visites familiales et de soins médicaux" (1) dénonçait Amnesty international quelques semaines avant sa mort. Walid Daqqa avait purgé sa peine de 37 ans en 2023 pour avoir tué un soldat israélien, mais un tribunal de l'entité sioniste l'a condamné à 2 ans supplémentaires.
Daqqa était l'auteur de plusieurs romans comme "Témoignages de résistance : La bataille du camp de Jénine 2002″ (2004), "La conscience façonnée ou la ré-identification de la torture" (2010), mais aussi des contes pour enfants, notamment "L’histoire secrète de l’huile" (2018), "Le conte secret de l’épée" (2021) ou encore "Le conte secret de l’esprit / Le retour des martyrs à Ramallah" (2022). Lors de la publication de son dernier livre pour enfant, "Le secret du pétrole ", Daqqa est placé en isolement. Dans la préface, Daqqa avait écrit : "J’écris jusqu’à ce que je sois libéré de prison, avec l’espoir de libérer la prison de moi".

Mais Walid Daqqa était aussi poète. Voici un de ses poèmes écrit pour sa fille Milad :

 

Un lieu sans porte

 

Un jour où Milad venait de rentrer d’une escapade au bord de l’océan, je lui ai promis au téléphone que je l’emmènerais là-bas, la prochaine fois. Elle s’est arrêtée quelques secondes, hésitante, comme si elle ne voulait pas me choquer, avant de finalement répondre : « non, tu n’as pas de porte ».

Longtemps, à chaque fois que Milad me demandait au téléphone « papa, où es-tu ? », j’évitais d’utiliser le mot prison. Je craignais que ce soit trop pour elle, à cet âge tendre, de commencer à vivre avec ce mot et ses lourdes implications. Déchiré, je me débattais avec cette question : devais-je dire à ma fille la vérité ? Ou devais-je lui cacher la réalité amère, empêcher les implications du mot prison de s’immiscer dans son imagination ?

Avec ses visites, Milad avait compris ce qu’était une prison bien avant qu’elle ne connaisse la signification du mot. Pour elle, c’était un lieu sans porte. Où son père était confiné. Qu’il était incapable de quitter. Et pour elle, s’il n’y avait pas de porte, il ne pouvait y avoir d’escapade au bord de l’océan. Pas de petit-déjeuner pris ensemble. Et pas d’opportunité pour moi de l’accompagner à la garderie qu’elle appelait affectueusement « l’école ».

 

(1)https://www.amnesty.org/en/documents/mde15/7798/2024/en/

 

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1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 07:54

«Jamais en France un prisonnier politique n’a été détenu aussi longtemps que

Georges Ibrahim Abdallah». Jean-Louis Chalanset. *

 

 

Georges Ibrahim Abdallah aura 73 ans demain 2 avril 2024 dont 40 années passées en prison. Il est le plus vieux prisonnier politique d'Europe.

 

Georges Ibrahim Abdallah est un militant communiste né au Liban le 2 avril 1951 dans une famille maronite (1). Georges a grandi dans ce pays tourmenté, frontalier d'Israël. Cette proximité est source de conflits et de malheurs pour le Liban et sa population. Israël est un État créé et élevé sur les terres d'un autre peuple. Transformé en exilé et en réfugié, le peuple palestinien est réduit à errer à travers le monde et à survivre dans des camps sous des tentes. Une partie importante de ces réfugiés s'est installée sur la côte libanaise de Tyr à Beyrouth après La Nakba (désastre, catastrophe) de 1948. Mais l’État hébreux ne se contente pas d'arracher le peuple palestinien à sa terre, il le poursuit partout où il peut se trouver. C'est ainsi qu'il a attaqué les camps de réfugiés en 1972 et envahi le sud Liban en 1978 ainsi que Beyrouth en 1982 (2). Ben Gourion ne disait-il pas qu’il fallait «attaquer sur tout le front et non seulement à l’intérieur de l’Etat d’Israël ou aux frontières de la Palestine, mais de rechercher l’ennemi et de l’écraser partout où il peut être» (3). Le destin de Georges Ibrahim Abdallah est intimement lié à la Palestine et aux souffrances de son peuple qu'Israël tente aujourd'hui d'exterminer (près de 40 000 morts, famine généralisée).

Sa trajectoire politique est totalement déterminée par la tragédie du peuple palestinien.

Nationaliste et progressiste arabe, Georges Ibrahim Abdallah milite d'abord dans le Parti national social syrien (PNSS), composante importante du Mouvement national libanais dirigé par Kamal Joumblatt. Communiste, il rejoint les rangs du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) crée en 1967 par Georges Habache dont il était proche. L'accord du Caire de 1969 donnait à la Résistance palestinienne le droit d'attaquer Israël à partir du Sud-Liban. Georges Ibrahim Abdallah est d'ailleurs blessé lors de l'invasion par l'armée israélienne de cette partie du Liban en 1978 (opération Litani). En juin 1982 alors que le pays est en pleine guerre civile, Israël, avec la complicité de Washington et des phalanges chrétiennes libanaises, envahit à nouveau le Liban et assiège Beyrouth-Ouest où la résistance palestinienne et toute la gauche libanaise combattaient côte à côte leur ennemi commun Israël. Rappelons que cette violation des frontières d'un État souverain a été condamnée par l'ONU (4).

Le jeudi 16 septembre 1982 les milices phalangistes pénètrent, avec l’aide de l’armée israélienne, les camps de réfugiés palestiniens Sabra et Chatila de Beyrouth-Ouest. Les mots et les images ne peuvent décrire réellement ce qui s’est passé dans les deux camps durant les nuits de jeudi à vendredi et de vendredi à samedi (5). Selon les sources, le nombre de victimes civiles palestiniennes atrocement mutilées et massacrées dans ces deux camps varie entre 700 et 3500 morts. L'intervention militaire israélienne au Liban proprement dite (Paix en Galilée) a fait 20 000 morts civils libanais et palestiniens (6). Ni Israël, ni les phalanges chrétiennes responsables de cette moderne barbarie n'ont été condamnés bien évidemment.

C'est dans ce contexte qu'il faut situer l'action des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) et d'autres organisations palestiniennes qui ont décidé de frapper les intérêts sionistes et américains partout à travers le monde. Effectivement en janvier 1982 les FARL, dont la justice française soupçonne Georges Ibrahim Abdallah d'en être le dirigeant, revendiquent l'assassinat de Charles Robert Ray attaché militaire adjoint à l'ambassade américaine à Paris et membre de la CIA. En avril de la même année, elles revendiquent un deuxième attentat.Yvan Barsimantov, agent du Mossad et secrétaire adjoint à l’ambassade d’Israël à Paris, tombait lui aussi sous les balles des FARL : «Nous, Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise, nous nous adressons à tous ceux qui condamnent la terreur et le terrorisme, à tous ceux qui militent pour l’abolition de la société d’exploitation et de guerre. Nous avons exécuté YACOV BARSIMANTOV. Nous, nous attaquons ceux qui organisent le génocide du peuple Palestinien. Nous, nous sauvegardons la vie des innocents même au péril de notre propre sécurité» (7). Selon le journal libanais Al Akhbar, l'exécution d'Yvan Barsimantov est le fait de Jacqueline Esber, alias «Camarade Rima» militante communiste des FARL décédée en novembre 2016 au Liban à l'âge de 57 ans (8).

Le 24 octobre 1984, Georges Ibrahim Abdallah est arrêté pour détention de faux papiers d'identité, un passeport délivré légalement par les autorités algériennes. Selon Jacques Attali, Georges Ibrahim Abdallah « n’est inculpé que de faux et usage de faux. Il dispose d’un vrai-faux passeport algérien» (9). Aujourd'hui Georges Ibrahim Abdallah est toujours en prison. Il est devenu le plus vieux prisonnier politique d'Europe. Son procès a connu de multiples rebondissements et plusieurs chefs d'accusation. Finalement la justice française le condamne en 1987 à perpétuité pour complicité dans les assassinats en 1982 de deux diplomates agents de la CIA et du Mossad.

Dans un premier temps Georges Ibrahim Abdallah était défendu par Me. Jean-Paul Mazurier qui a publié avec Laurent Gally, journaliste à Libération, un livre où il reconnaît qu'il travaillait aussi pour les renseignements français (10) ! Toutes les demandes de libération conditionnelle formulées par Georges Ibrahim Abdallah , neuf au total, ont été rejetées alors qu'il était libérable depuis 1999 selon le code pénal français qui rend cette libération possible après quinze ans de détention. Les gouvernements américain et israélien s'opposent farouchement à sa libération. Les États-Unis par exemple, non seulement exercent une pression directe sur le gouvernement français, mais se sont constitués également partie civile dans le procès, phénomène rare dans les annales de la justice. Même l'ancien directeur de la DST Yves Bonnet, qui a participé aux négociations pour libérer Gilles Sidney Peyrolles fils de l'écrivain Gilles Perrault enlevé par les FARL au Liban en échange de la libération de Georges Ibrahim Abdallah, trouve « (...) anormal et scandaleux de maintenir encore Georges Ibrahim Abdallah en prison. Je considère qu'il avait le droit de revendiquer les actes commis par les FARL comme des actes de résistance. Après on peut ne pas être d'accord, c'est un autre débat. Mais il faut se souvenir du contexte, aussi, des massacres de Sabra et Chatila dont les coupables n'ont jamais été punis» (11). Précisons que dans cette affaire de tractations menée par Yves Bonnet, seul Gilles Sidney Peyrolles a été libéré. Georges Ibrahim Abdallah, lui, est toujours en prison. Rien ne peut se faire sans le consentement du pouvoir politique. C'est une justice totalement dépendante du gouvernement, servile serviteur des intérêts de la classe dominante. La séparation des pouvoirs, chère à Montesquieu, reste une chimère dans la démocratie bourgeoise. Le cas de Georges Ibrahim Abdallah est une preuve vivante de cette imbrication des pouvoirs judiciaire et exécutif entre les mains de la classe dominante. Le procès de Georges Ibrahim Abdallah ainsi que son destin se jouent davantage au palais de l’Élysée que dans le palais de justice. Car il ne s'agit pas d'un procès judiciaire mais politique !

Georges Ibrahim Abdallah est un prisonnier politique. Il n'a jamais renié ses convictions communistes et internationalistes ni son combat contre le sionisme et l'impérialisme américain (12). Et ce sont justement ces convictions et ce combat que les États-Unis, Israël et la France s'acharnent à briser en maintenant arbitrairement en détention un homme qui leur tient tête. Selon les mots mêmes de Georges Kiejman avocat des Etats-Unis dans ce procès, « Georges Ibrahim Abdallah, c'est quelqu'un de très digne, mais qui se présente aujourd'hui encore comme un militant prêt à reprendre le combat politique» (13). A travers Georges Ibrahim Abdallah c'est en réalité la résistance à Israël que l'on condamne. Georges Ibrahim Abdallah n'est pas condamné selon les règles du droit, il est séquestré par un État dont la soumission aux intérêts sionistes n'est plus à démontrer. Pour la bourgeoisie française et ses gouvernements successifs, le marxiste Georges Ibrahim Abdallah doit mourir en prison.

Les bourgeoisies occidentales sont complices des régimes locaux d'un autre âge qui répriment, pourchassent, emprisonnent et parfois assassinent les militants progressistes et à fortiori communistes dans le monde arabe. Rappelons que ce sont ces mêmes bourgeoisies qui ont sauvé ces régimes de l'effondrement lors des soulèvements populaires de 2011.Voir fleurir des idées laïques dans cette région tourmentée du monde leur est insupportable. Mais en condamnant toutes les voies et toutes les issues progressistes, les bourgeoisies occidentales ont ouvert la boîte de Pandore libérant des monstres qui essaiment et sèment la mort un peu partout dans le monde. Elles s’accommodent davantage avec les idées réactionnaires et obscurantistes qu'avec celles du progrès et des lumières. En plantant une lame au cœur du monde arabe c'est à dire un État au dessus des autres et qui viole au quotidien le droit international, les bourgeoisies occidentales ont en même temps créé sans le vouloir la résistance laïque et progressiste non seulement en Palestine mais aussi dans tout le monde arabe. Cette situation leur est intolérable et inacceptable. Il faut donc soutenir les régimes les plus rétrogrades pour dresser un rempart conte toute résistance communiste ou tout simplement progressiste aussi minime soit-elle. Georges Ibrahim Abdallah fait partie de ces générations de militants marxistes qu'il faut partout traquer, arrêter et emprisonner même si la menace qu'elles représentent est plus que surestimée. Mais l'ennemi matérialiste fait toujours peur !

Il faut sauver Georges Ibrahim Abdallah des griffes de cette classe toujours prompte à accorder son pardon à des hommes politiques qui ont servi ses intérêts. Le cas, parmi tant d'autres, de Maurice Papon est éloquent à cet égard. Rappelons pour mémoire que cet homme est responsable, avec la complicité de l’État français, du massacre de plusieurs dizaines d'algériens en octobre 1961 (14), de celui de Charonne en février 1962 et condamné en 1998 à 10 ans de réclusion criminelle pour «complicité de crimes contre l'humanité» pour avoir organisé l'arrestation et la déportation de 1560 juifs (15). Maurice Papon n'a finalement passé qu' à peine trois ans en prison. Il est mort paisiblement pendant son sommeil en 2007. Georges Ibrahim Abdallah, lui, doit rester et mourir en prison. Seule une lutte organisée et efficace peut renverser le rapport de force et le sauver de cette lente mort carcérale à laquelle l'a condamné cette classe hideuse . Il faut populariser son combat ainsi que celui des collectifs qui le soutiennent et qui se trouvent aujourd'hui aux quatre coins du monde. Il faut partout dénoncer cette injustice et exiger la libération de Georges Ibrahim Abdallah. La bourgeoisie française qui espère le voir mourir en prison, doit comprendre que «les révolutionnaires ne meurent Jamais».

 

Mohamed Belaali

Blog de M Belaali

 

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* http://blog.mondediplo.net/2013-10-23-Georges-Ibrahim-Abdallah-trentieme-annee-dans-les

(1)Les maronites sont des chrétiens d'orient. Ils constituent la plus importante communauté chrétienne du Liban. L’Eglise maronite naît au IVe siècle sous l’impulsion de Saint Maron.

Voir :http://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Liban-chretien-Bref-historique.html

(2)http://www.un.org/french/Depts/palestine/history4.shtml

(3)Ben Gourion, Rebirth and destiney of Israël. Cité par Lotfallah Soliman dans « Pour une histoire profane de la Palestine ». La Découverte, p. 120.

(4)http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/508%281982%29

(5)Voir Jean Genet, «Quatre heures à Chatila» dans « L’ennemi déclaré ». Textes et entretiens. 
Gallimard. Page 243.

(6)http://www.monde-diplomatique.fr/2012/05/DA_SILVA/47661

(7)http://liberonsgeorges.samizdat.net/non-classe/communique-execution-yacov-barsimantov-farl-fraction-armee-revolutionn-2/

(8)http://www.al-akhbar.com/taxonomy/term/6219

(9)Jacques Attali, Verbatim, tome l. Deuxième partie Chronique des années 1983-1986, Fayard,

Paris, 1993, p. 1 180.

(10)«L’Agent noir. Une Taupe dans l’Affaire Abdallah», Robert Laffont, Paris, 1986.

http://www.ina.fr/video/CPB87005104

(11)http://www.ladepeche.fr/article/2012/01/07/1255561-yves-bonnet-raconte-les-dessous-de-l-affaire-abdallah.html

(12)http://liberonsgeorges.samizdat.net/category/ses-declarations/

(13)http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/10/25/georges-ibrahim-abdallah-le-plus-vieux-prisonnier-politique-d-europe_3502926_3224.html

(14)Jean-Luc Einaudi «La bataille de Paris, 17 octobre 1961». Éditions du Seuil, 1991.

https://www.youtube.com/watch?v=0D6MAtV2jkI&feature=youtu.be

(15)http://www.humanite.fr/bordeaux-les-oublis-de-maurice-papon-qui-deporta-1-560-juifs-dun-trait-de-plume-548186

 

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8 mars 2024 5 08 /03 /mars /2024 08:39

 

A l'occasion de la journée internationale des femmes, il est peut-être utile de rappeler le combat de cette révolutionnaire qui a consacré toute sa vie à se battre pour une société plus juste.

 

Eleanor était la dernière des six enfants de Karl et Jenny Marx. Elle est née à Londres dans le quartier misérable de Soho en 1855 et décédée dans la même ville en 1898 à l'âge de 43 ans. Plus tard, elle décrira la période noire de Soho comme "des années d'horrible pauvreté, de souffrances amères - des souffrances que seul l'étranger sans le sou dans un pays étranger peut connaître" (1).

Très proche de son père, elle fut également sa " secrétaire " dès l'âge de 16 ans. Polyglotte, Eleanor a tra

duit en anglais non seulement certaines œuvres de son père comme Value, Price and Profit par exemple, mais aussi Madame Bovary, le roman de Gustave Flaubert et History of the Paris Commune of 1871 de Prosper-Olivier Lissagaray.

Eleanor ou "Tussy" comme aimaient l'appeler affectueusement ses parents, était passionnée de littérature et de théâtre. Son poète préféré était William Shakespeare. Eleanor a traduit aussi des pièces comme La Dame de la mer ou Un ennemi de la société du dramaturge norvégien Henrik Ibsen.

Influencée par son père et par F. Engels, elle développa très tôt son goût pour l'action et le combat politique. Sa devise préférée était "Allez-y !". Internationaliste, elle s'engagea avec son amie Lizzie Burns, ouvrière irlandaise analphabète et compagne de F. Engels, dans la lutte pour l'indépendance de l'Irlande. Après la semaine sanglante et la défaite de la Commune, les Marx ont reçu de nombreux refugiés communards à Londres. Paul Lafargue et Charles Longuet ont épousé Laura et Jenny Marx. Eleanor est tombée amoureuse de Lissagaray dont elle a aidé à écrire "Histoire de la Commune de 1871" avant de traduire en anglais cette œuvre qui reste encore aujourd'hui la référence sur la Commune.

Eleanor était une militante infatigable. Elle était membre de la Social Democratic Federation, premier groupe politique marxiste en Grande Bretagne. En 1884, elle quitte cette organisation devenue plutôt nationaliste et crée avec le poète William Morris et d'autres militants la Socialist League (2). Eleanor a été également la co-fondatrice de la National Union of Gasworkers avec Will Thorne en 1889. Ce syndicat qui a connu par la suite un développement rapide comptait dans ses rangs un nombre important de femmes même si elles n'occupaient malheureusement pas des postes de responsabilité (3).

Mais Eleanor s'est surtout distinguée par son combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines. Pour elle, une analyse en termes de classes sociales qui ne se réfère pas à l'inégale répartition du travail domestique et du travail lié à l'éducation des enfants reste insuffisante. Mais tout combat pour l'émancipation des femmes qui ne s'insère pas en même temps dans la lutte globale contre le capitalisme est voué à l'échec. "Ainsi, non seulement il ne peut y avoir de vrai féminisme sans socialisme, mais il ne peut y avoir de véritable socialisme sans féminisme. Et ça ne peut pas attendre la révolution, ça doit faire partie du processus qui y mène" (4) .

Dans La question de la femme (1886) corédigé avec Edward Aveling son nouveau compagnon, elle écrit :"La position des femmes repose, comme tout dans notre société moderne complexe, sur une base économique (...) Ceux qui attaquent le traitement actuel des femmes sans en chercher la cause dans l'économie de notre société actuelle sont comme des médecins qui traitent une affection locale sans enquête sur la santé corporelle générale" (5).

Concernant les féministes bourgeoises, Eleanor comprend leurs revendications, mais les objectifs poursuivis par les unes et les autres sont très différents : "Les ouvrières peuvent bien comprendre les revendications du mouvement des femmes bourgeoises; elles peuvent et doivent même adopter une attitude compréhensive à l'égard de ces demandes; seulement, les buts des travailleuses et des femmes bourgeoises sont très différents. (...) Là où les femmes bourgeoises réclament des droits qui nous sont utiles aussi, nous nous battrons avec elles(...) Nous ne refuserons aucun avantage, acquis par les femmes bourgeoises dans leur propre intérêt, qu'elles nous fournissent volontairement ou non. Nous acceptons ces avantages comme des armes, des armes qui nous permettent de mieux lutter aux côtés de nos frères ouvriers. Nous ne sommes pas des femmes en lutte contre les hommes mais des travailleuses en lutte contre les exploiteurs" (6).

Dans une lettre adressée au dirigeant socialiste Ernest Belfort Bax en 1895, elle écrit :

"J'ai proposé de débattre avec vous sur la question sexuelle. Je suis, bien sûr, en tant que socialiste, pas une représentante des « droits de la femme". C'est de la Question Sexuelle et de ses fondements économiques que je me proposais de discuter avec vous. La soi-disant question des « droits de la femme » (qui semble être la seule que vous compreniez) est une idée bourgeoise. J'ai proposé de traiter la question du sexe du point de vue de la classe ouvrière et de la lutte des classes" (7).

Le 31 mars 1898, Tussy s'est donnée la mort. Elle avait 43 ans. Les amis et les proches d'Eleanor mettent en cause son compagnon Edward Avling (1849-1898) dont le rapport à l'argent et aux femmes était indigne (8).

La vie d'Eleanor a été courte mais intense. Traductrice, écrivaine, syndicaliste, féministe etc., elle était tout cela à la fois. Mais Eleanor était avant tout une femme révolutionnaire qui a consacré toute sa vie à se battre pour une société plus juste.

 

Mohamed Belaali

 

 

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(1)https://www.nytimes.com/2015/04/05/books/review/eleanor-marx-a-life-by-rachel-holmes.html

(2)https://spartacus-educational.com/Psocial.htm

(3)https://www.gmb.org.uk/long-read/go-ahead-celebrating-life-eleanor-marx

(4)http://links.org.au/node/4277

(5)https://www.marxists.org/archive/eleanor-marx/works/womanq.htm

(6)https://www.marxists.org/archive/draper/1976/women/5-emarx.html

(7)https://www.marxists.org/archive/eleanor-marx/1895/11/bax-exchange.htm

(8)https://maitron.fr/spip.php?article75301

 

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24 février 2024 6 24 /02 /février /2024 08:19

 

Parmi les camarades du groupe Missak Manouchian, Rino Della Negra. Footballeur et résistant, Rino a été exécuté par les Nazis le 21 février 1944 à l'âge de 20 ans.

Fils d'immigrés italiens, Rino est né à Vimy dans le Pas-de-Calais le 18 août 1923. Ses parents avaient fui le régime fasciste de Mussolini. La famille de Rino, dont le père était ouvrier briquetier, changeait souvent de région à la recherche d'emploi. En 1926, les Della Negra s'installent à Argenteuil, dénommé à l'époque "la banlieue rouge", dans le quartier de Mazagran où vivait une importante communauté italienne.

A 14 ans, Rino Della Negra devient ouvrier-ajusteur dans les usines Chausson d’Asnières. Le jeune Rino fréquentait en même temps le Football Club d’Argenteuil. En 1942, il est repéré et recruté en tant qu'ailier droit par le prestigieux Red Star Club de Saint Ouen. En cette même année, le Red Star remporte sa cinquième Coupe de France.

Très marqué par la culture antifasciste qui régnait dans la communauté italienne et par l'ambiance des luttes ouvrières de l'usine, Rino refuse le Service du travail obligatoire (STO) et entre dans la résistance. Il rejoint le glorieux groupe des Francs-tireurs partisans-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) de Manouchian sous le nom de code "Robin". Tout en jouant avec le Red Star, il participe à plusieurs actions armées : "exécution du général Von Apt, 4 rue Maspero ; 10 juin, attaque du siège central du Parti fasciste italien, rue Sédillot ; 23 juin, attaque de la caserne Guynemer à Rueil. Sa dernière action eut lieu le 12 novembre 1943 avec l’attaque de convoyeurs de fonds allemands, en compagnie de Robert Witchitz, au 56 rue de La Fayette" (1)

Blessé, Rino est arrêté, interrogé et torturé par la police française et par la Gestapo. Il est ensuite jugé par une cour martiale allemande avec les "terroristes de l'Affiche rouge" le 17 février 1944.

Le 21 février 1944, Rino est exécuté au Mont-Valérien avec ses camarades du groupe Manouchian. Dans une ultime lettre, Rino écrivait à son petit frère ces quelques phrases simples : "Je veux t’envoyer un dernier petit mot pour que tu réconfortes de ton mieux Maman et Papa. (...) Embrasse bien fort tous ceux que je connaissais. Tu iras au Club Olympique Argenteuillais et embrasse tous les sportifs du plus petit au plus grand. Envoie le bonjour et l’adieu à tout le Red Star." (2)

Rino Della Negra est enterré avec Manouchian au cimetière d’Ivry-sur-Seine dans le Carré des Fusillés,

Aujourd'hui encore son nom résonne dans le stade Bauer (3) dont une plaque commémorative en son honneur a été inaugurée en 2004. Le conseil municipal de Saint-Ouen a décidé en 2020 de donner le nom de Rino Della Negra à une rue de la ville dans le quartier des Docks. Une autre rue à Argenteuil où sa famille s'était installée en 1926 porte également son nom.

Rino Della Negra était bien plus qu'un footballeur. Il était avant tout un militant antifasciste sincère et courageux. Le fascisme, déguisé dans ses nouveaux habits, est aujourd'hui au seuil du pouvoir. Le ventre du capital est encore capable d'enfanter la bête immonde pour paraphraser Brecht. En ces temps de crises économiques, sociales et écologiques, la bourgeoisie aux abois n'hésite pas à s'allier avec des forces obscurantistes et à détourner la colère populaire des véritables problèmes en ciblant prioritairement les immigrés et leurs enfants. Rino Della Negra ouvrier et fils d'ouvrier immigré a pu écrire en France l'une des plus belles pages de la résistance en s'engageant dans une lutte à mort contre le fascisme. Son combat n'a jamais été aussi actuel qu'aujourd'hui.

 

Mohamed Belaali

 

Blog M Belaali

 

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(1) https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article22069

(2) https://collectifredstarbauer.wordpress.com/rino-della-negra/

(3) https://www.redstar.fr/2022-05-23/bauer/bauer-3/

 

 

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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 08:05

 "Sa volonté était uniquement inébranlablement tendue, comme une force 

 irrésistible de la nature, vers un seul but : la Révolution". Clara Zetkin.

 

Le 21 janvier 1924, Lénine, le grand Lénine a cessé de vivre à l'âge de cinquante quatre ans. Si la vie lui avait accordé quelques années de plus, le sort de la Révolution d'octobre aurait été probablement différent. En cette sombre période de débandade idéologique et de barbarie capitaliste, il est utile, voire nécessaire de rappeler quelques idées d'un homme qui a, qu'on le veuille ou non, profondément marqué l'histoire contemporaine. Parler de Lénine, c'est en quelque sorte lui redonner la parole, citer ses écrits et souligner son rôle décisif dans la glorieuse Révolution d'octobre 1917.

La révolution que la bourgeoisie hait de toutes ses forces, Lénine lui a consacré et sacrifié toute sa vie. Seule la révolution socialiste mondiale peut sauver l'humanité du capitalisme et de ses ravages qui deviennent aujourd'hui de plus en plus évidents et de plus en plus insupportables. Pour faire triompher la révolution, Lénine s'appuyait sur la doctrine de Marx et d'Engels, inconciliable avec le charlatanisme et la superstition. C'est lui qui disait «sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire» (1), Lénine a déclaré une guerre implacable à la société de classe, à l'esclavage salarié, à l’État bourgeois, à la soumission de la femme à l'homme, au chauvinisme national, à toute forme d'opportunisme, à l'oppression, bref à toutes les conditions économiques, sociales et politiques qui méprisent et avilissent les hommes.

Pour Lénine, la marche en avant vers le socialisme ne peut résulter d’une quelconque perfection de la démocratie bourgeoise, de la conciliation des classes etc. Seule une révolution est en mesure de mettre un terme à la résistance de la minorité d’exploiteurs, et d’enfanter une nouvelle société.

Lénine s'est battu inlassablement avec toute son énergie et sur tous les fronts pour rendre possible la Révolution socialiste tant rêvée et espérée par tous les opprimés et par tous les exploités du monde.Toutes ses forces, toutes ses actions pratiques, tout son travail théorique et toutes ses tactiques tendaient vers la même stratégie, l'émancipation des travailleurs, vers la révolution non seulement en Russie mais à l'échelle planétaire.

Mais aujourd'hui pour tous les bourgeois du monde, petits et grands, Lénine est un monstre, un démon, un dictateur responsable de tous les crimes et de toutes les horreurs possibles et imaginables. On ne lui pardonnera jamais d'avoir appelé les ouvriers, les paysans pauvres et les soldats à se dresser, les armes à la main, contre la société bourgeoise. «Malheur au génie qui s’oppose fièrement à la société bourgeoise et qui forge les armes qui lui donneront le coup de grâce. A un tel génie, la société bourgeoise réserve des supplices et des tortures qui peuvent paraître moins barbares que ne l’étaient le chevalet de l’Antiquité et le bûcher du Moyen Age, mais qui au fond n’en sont que plus cruels» disait Franz Mehring parlant d'un autre génie, Karl Marx (2). De son vivant déjà, Lénine était haï, détesté, calomnié et persécuté par les classes possédantes et par tous les opportunistes du mouvement ouvrier. On a même tenté de l'assassiner à coups de revolver. Les balles qui l'ont touché ont certainement contribué à abréger sa vie. Cet attentat sur la personne de Lénine montre à l'évidence la haine viscérale que lui vouent les ennemis de la classe ouvrière. Rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes ! «Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d'oppresseurs les récompensent par d'incessantes persécutions; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies» disait Lénine (3).

Un siècle après sa mort, les idées de Lénine font toujours peur à tous les défenseurs de l'ordre établi. Car Lénine s'est attaqué aux fondements même des pouvoirs de cette minorité d'exploiteurs qui n'hésite et qui ne recule devant rien pour perpétuer ses privilèges. Lénine a démontré que sans le renversement du capitalisme par une révolution socialiste, point de salut pour tous les travailleurs et pour tous les opprimés. Le véritable crime de Lénine c'est d'avoir remplacé la Révolution bourgeoise de février 1917 par la Révolution socialiste d'octobre. Ce crime là, la bourgeoisie ne lui pardonnera jamais. «Lénine doit naturellement apparaître comme Attila venu détruire la Rome du bien-être et du confort bourgeois, basé sur l'esclavage, le sang et le pillage. Mais de même la Rome antique a mérité sa perte, de même les crimes du monde contemporain justifient la nécessité de sa destruction» disait Maxime Gorki (4).

Lénine était aimé et admiré par les ouvriers et les paysans pauvres. Il savait leur expliquer des choses profondes avec des mots simples. John Reed le décrivait ainsi : «Peu fait, physiquement, pour être l'idole de la foule, il fut aimé et vénéré comme peu de chefs au cours de l'histoire. Un étrange chef populaire, chef par la seule puissance de l'esprit. Sans brillant, sans humour, intransigeant et détaché, sans aucune particularité pittoresque, mais ayant le pouvoir d'expliquer des idées profondes en termes simples, d'analyser concrètement des situations et possédant la plus grande audace intellectuelle» (5).

 

Il ne s'agit pas ici de verser dans le culte de la personnalité ou de l'idolâtrie. Lénine lui-même combattait fermement ce genre de futilités. Ce sont les masses qui font l'histoire et non «les grands hommes». «Il n'est pas de sauveurs suprêmes» disait Eugène Pottier dans l'Internationale. Mais pour faire la révolution, les masses ont besoin de chefs de la trempe de Lénine et des intellectuels révolutionnaires : «les ouvriers ne pouvaient pas avoir encore la conscience social-démocrate. Celle-ci ne pouvait leur venir que du dehors. L'histoire de tous les pays atteste que, par ses seules forces, la classe ouvrière ne peut arriver qu'à la conscience trade-unioniste, c'est-à-dire à la conviction qu'il faut s'unir en syndicats, mener la lutte contre le patronat, réclamer du gouvernement telles ou telles lois nécessaires aux ouvriers, etc. Quant à la doctrine socialiste, elle est née des théories philosophiques, historiques, économiques élaborées par les représentants instruits des classes possédantes, par les intellectuels. Les fondateurs du socialisme scientifique contemporain, Marx et Engels, étaient eux-mêmes, par leur situation sociale, des intellectuels bourgeois. De même en Russie, la doctrine théorique de la social-démocratie surgit d'une façon tout à fait indépendante de la croissance spontanée du mouvement ouvrier; elle y fut le résultat naturel, inéluctable du développement de la pensée chez les intellectuels révolutionnaires socialistes» (6).

Sans Lénine, la Révolution d'octobre 1917 n'aurait probablement jamais triomphé. La révolution était le produit des rapports sociaux de la Russie de l'époque. Mais Lénine agissait dans le cadre des conditions sociales et politiques particulières. La Première Guerre mondiale et la Révolution de février étaient des occasions, des opportunités à ne pas manquer pour renverser le Gouvernement provisoire et donner ainsi le pouvoir aux ouvriers et aux paysans pauvres.

En 1915, un an seulement après le déclenchement de cette terrible guerre impérialiste, Lénine appelait déjà à la transformer en guerre civile : «Le caractère réactionnaire de cette guerre, le mensonge éhonté de la bourgeoisie de tous les pays, qui dissimule ses visées de brigandage sous le manteau de l'idéologie “ nationale ”, suscitent nécessairement, dans la situation révolutionnaire qui existe objectivement, des tendances révolutionnaires au sein des masses. Notre devoir est d'aider à prendre conscience de ces tendances, de les approfondir et de leur donner corps. Seul le mot d'ordre de la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile exprime correctement cette tâche, et toute lutte de classe conséquente pendant la guerre, toute tactique sérieusement appliquée d'“ actions de masse ” y mène inévitablement» (7).

Lénine expliquait à qui veut l'entendre qu'il ne s'agit nullement d'une simple opposition à la guerre, mais de renverser tous les gouvernements en guerre à commencer par celui de la Russie.

Mais son propre parti n'était pas prêt à cette tâche c'est-à-dire mener la révolution bourgeoise déclenchée en février jusqu'à son terme. La plupart des dirigeants bolcheviks, avant le retour de Lénine de l'exil en avril 1917, étaient prêts à travailler avec le Gouvernement provisoire de Kérenski composé de bourgeois et de propriétaires terriens.

Dans ses célèbres «thèses d'avril», Lénine exige des Bolcheviks de se préparer à l'insurrection et à la prise du pouvoir : «Ce qu'il y a d'original dans la situation actuelle en Russie, c'est la transition de la première étape de la révolution, qui a donné le pouvoir à la bourgeoisie, à sa deuxième étape, qui doit donner le pouvoir au prolétariat et aux couches pauvres de la paysannerie» (8).

Les thèses de Lénine ont été accueillies avec beaucoup d'hostilité :«Même ses camarades de parti, les bolcheviks ahuris, se détournèrent alors de lui» écrivait Trotsky dans « Histoire de la révolution russe». Lénine se trouva alors seul avec ses idées révolutionnaires. Mais en même temps, il savait qu'il pouvait compter sur les ouvriers, les paysans pauvres, la base du parti et sur les soldats qui désertaient massivement le front. Lénine disait que «ce pays d'ouvriers et de paysans indigents était mille fois plus à gauche que les Tchernov et les Tsérételli et cent fois plus à gauche que nous autres, bolcheviks» (9) . Les masses opprimées savent que les puissants ne renoncent jamais à leurs privilèges, qu’ils n’accordent jamais rien par générosité ou grandeur d’âme et qu’ils ne reculent devant rien pour sauver leurs intérêts et perpétuer leur système. Elles ont compris, comme Lénine, que le moment était venu pour s'emparer du pouvoir les armes à la main.

Mais la direction du parti continue à tergiverser. Lénine devient de plus en plus impatient «Les bolchéviks doivent prendre le pouvoir sur le champ disait-il dans une lettre au comité central. (…) Temporiser est un crime. Attendre le Congrès des Soviets, c'est faire preuve d'un formalisme puéril et déshonorant ; c'est trahir la révolution» (10).

Le 24-25 octobre (6-7 novembre) 1917, les ouvriers, les paysans et les soldats russes s'emparent du pouvoir, un pouvoir qui les asservissait, qui les opprimait.

En ces premiers moments historiques, «quelque chose s’était brusquement éveillé en tous ces hommes écrivait John Reed. L’un parlait de la révolution mondiale en marche, un autre de l’ère nouvelle de fraternité, où tous les peuples ne seront plus qu’une grande famille (…) Mus par une commune impulsion, nous nous trouvâmes soudain tous debout, joignant des voix dans l’unisson et le lent crescendo de l’Internationale. Le chant roulait puissamment à travers la salle, ébranlant les fenêtres et les portes et allant se perdre dans le calme du ciel».(11).

La Révolution d'octobre 1917 a renversé l'ordre ancien et ouvert les perspectives pour une nouvelle forme supérieure de vie. «La seule raison du succès des bolcheviks, c’est qu’ils réalisaient les vastes et élémentaires aspirations des couches les plus profondes du peuple, les appelant à l’ œuvre de destruction du passé et coopérant avec elles pour édifier sur ses ruines encore fumantes un monde nouveau» (12). Après la glorieuse Commune de Paris, les masses opprimées guidées par Lénine s’emparent à nouveau du pouvoir et entrent dans l’Histoire.

Mais on ne peut parler de Lénine sans évoquer sa compagne Nadejda Kroupskaïa. Comme disait Clara Zetkin «Il est impossible de parler de lui sans penser à elle. Elle était la main droite de Lénine, son meilleur secrétaire, sa compagne dévouée, la meilleure interprète de ses idées» (13).

Son dévouement a beaucoup aidé Lénine à supporter la clandestinité et la vie pénible des révolutionnaires partout traqués par la police du Tsar. Rappelons que Lénine et Nadejda Kroupskaïa ont passé plus de quinze ans dans l'immigration changeant sans cesse de pays, de villes et de logements. Kroupskaïa a probablement souffert plus que Lénine des affres de l'exil. Elle menait de front plusieurs combats et plusieurs tâches. En plus de ses travaux scientifiques dans le domaine de la pédagogie qui embrassent tous les domaines de la politique éducative (14), elle consacrait une grande partie de son temps à la diffusion des brochures et documents du parti, combattait les ennemis de Lénine, engageait des luttes pour la cause des femmes etc. mais si «la vie n'était pas gaie» en exil, le retour du couple en Russie en avril 1917 était triomphal : «Les masses, ouvriers, soldats, matelots, s'étaient portées au-devant de leur chef. Tout autour de nous, c'était une mer humaine qui bouillonnait. Qui n'a pas vu la révolution ne peut s'en imaginer la beauté majestueuse, triomphale» disait Nadejda Kroupskaïa dans « Souvenirs sur Lénine » (15).

Au crépuscule de sa vie, malade, affaibli et éloigné du pouvoir, Lénine pouvait encore et toujours compter sur sa plus fidèle camarade, Nadejda. C'est dire le rôle joué par cette femme discrète dans la vie de Lénine et partant dans la révolution d'octobre.

Le 21 janvier 1924, Lénine a cessé de vivre à l'âge de cinquante quatre ans. Si la vie lui avait accordé quelques années de plus, le sort de la Révolution d'octobre aurait été probablement très différent. En tout cas, ses ennemis se sont empressés, contre la volonté de sa veuve, d'embaumer son corps afin de consolider leur propre pouvoir et pour mieux enterrer ses idées révolutionnaires.

Parlant des chefs des classes opprimées en lutte, Lénine disait «Après leur mort, on essaie d'en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d'entourer leur nom d'une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu , on l'avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire» (16).

Après l'adieu officiel à Lénine, Nadejda Kroupskaïa prononça ces paroles : «Camarades, ouvriers et ouvrières, paysans et paysannes. Ne laissez pas votre peine se transformer en adoration extérieure de la personnalité de Vladimir Ilitch. Ne construisez pas de palais ou de monuments à son nom. A toutes ces choses, il accorda peu d'importance au cours de sa vie. Ça lui était même pénible.(...) Si vous voulez honorer la mémoire de Vladimir Ilitch, construisez des crèches, des jardins d'enfants, des maisons, des écoles, des hôpitaux, et mieux encore vivez en accord avec ses préceptes» (17). Son avertissement n'a pas été vraiment entendu.

Mohamed Belaali

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(1)Lénine, « Que faire », Éditions du progrès, page 46.

(2)Franz Mehring «Karl Marx, histoire de sa vie », Bartillat, page 261.

(3)Lénine « L'Etat et la révolution » :

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/08/er1.htm

(4)Maxime Gorki dans V I Lénine : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1478992/f1.image

(page 13).

(5) John Reed, «Les dix jours qui ébranlèrent le monde », Editions Tribord, 2010, page 220 .

(6)Lénine, « Que faire ? » op cit, page 56.

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1902/02/19020200g.htm

(7)https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800b.htm

(8) https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/04/vil19170407.htm

(9)https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/04/lt1924042100c.htm

(10)https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171001b.htm

(11)John Reed, « Dix jours qui ébranlèrent le monde ». Op cit. pages 228 et 229.

(12)John Reed, op. cit.

(13)Clara Zetkin, «Souvenirs sur Lénine» : https://www.marxists.org/francais/zetkin/works/1924/01/zetkin_19240100.htm

(14)http://www.ibe.unesco.org/sites/default/files/kroupskf.pdf

(15)Nadejda Kroupskaïa, «Souvenirs sur Lénine» :

https://www.marxists.org/francais/kroupskaia/works/1924/00/emigration.htm )

(16) Lénine, «L’État et la révolution», op.cit.

(17)Cité dans Tariq Ali, «Les dilemmes de Lénine», Sabine Wespieser éditeur, 2017, page 459.

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19 janvier 2024 5 19 /01 /janvier /2024 09:14

Gaza résiste et combat seule non seulement Israël, mais toutes les puissances oppressives occidentales. La guerre d'extermination qui se déroule aujourd'hui sous nos yeux à Gaza (plus de 25000 morts) n'est en fait que le prolongement des guerres coloniales et néocoloniales menées par la Grande Bretagne, la France et les Etats-Unis pour asservir les peuples au prix de millions de morts. Rappelons pour mémoire que l'Etat d'Israël et ce qu'il est devenu aujourd'hui est un pur produit du colonialisme britannique qui s'est par ailleurs partagé avec la France la dépouille de l'Empire ottoman. La colonisation sioniste de la Palestine n'aurait jamais pu exister sans l'aide décisive de l'Etat colonial britannique. Les américains, contrairement aux européens, préfèrent soumettre indirectement ou d'une manière informelle les autres peuples en défendant les régimes réactionnaires locaux, en installant de nouveaux pouvoirs à leur solde et en établissant des bases militaires un peu partout. Le nombre de dictateurs par exemple installés ou soutenus par les Etats-Unis à travers la planète est impressionnant : Artur da Costa e Silva au Brésil, Juan Carlos Onganía et Videla en Argentine, le régime somoziste au Nicaragua, Maximiliano Hernández Martínez au Salvador, le régime de Fulgencio Batista à Cuba, de Marcos Pérez Jiménez au Venezuela, de Banzer en Bolivie, Soeharto en l'Indonésie, Marcos aux Philippines, Musharraf au Pakistan. Hosni Moubarak en Egypte etc. etc.

Après le colonialisme européen du XIXe et XXe siècles qui a tenu dans la servitude près de la moitié de la population mondiale, les Etats-Unis sont devenus, grâce à leur supériorité économique, les nouveaux maîtres du monde et les nouveaux oppresseurs des peuples.

"Le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde aujourd'hui, mon propre gouvernement" disait Martin Luther King (1). Dans ce sens, Il n'est pas inutile de rappeler quelques dates parmi les plus violentes de l'histoire des États-Unis :

  • 1945 utilisation des armes nucléaires contre les populations civiles d'Hiroshima et de Nagasaki. Bilan : 200 000 morts.

  • Guerre contre le Vietnam entre 1960 et 1975 : 2 millions de morts côté vietnamiens et 50000 soldats américains tués.

  • 1973 Coup d'Etat militaire du général Pinochet au Chili avec le soutien des Etats-Unis : le nombre de morts est estimé à 3 200 en plus des 38 000 personnes torturées.

  • Première guerre contre l'Irak (1990) : entre 50 000 et 100 000 morts irakiens.

  • 1999 guerre de l'OTAN, bras armé des Etats-Unis, contre la Yougoslavie : 100 000 morts selon l'ONU.

  • Deuxième guerre contre l'Irak (2003) : le nombre de victimes irakiennes n'est pas connu avec certitude. Les estimations vont de 100 000 à plus d'un million de morts.

  • 2015 participation avec l'Arabie Saoudite à la guerre du Yémen qui a fait 377 000 morts (2).

  • Aujourd'hui en 2024, les Etats-Unis avec l'aide du Royaume Uni bombardent à nouveau le Yémen. Le nombre de victimes reste inconnu.

  • Etc. Etc. (3)

Les guerres américaines contre "le terrorisme" depuis les attentats du 11 septembre 2001 ont fait près d'un million de morts notamment en Irak, en Syrie et en Afghanistan (4).

L'existence d'Israël sur la terre palestinienne fait partie intégrante de ce processus d'expansion européen et américain pour dominer par la violence les autres peuples de la planète. Si Israël mène aujourd'hui une guerre génocidaire à Gaza avec le soutien inconditionnel de l'occident capitaliste, c'est qu'il est au cœur de cet ordre colonial et néocolonial occidental. "L’Occident a conquis le monde non pas par la supériorité de ses idées, de ses valeurs ou de sa religion, mais plutôt par sa supériorité dans l’application de la violence organisée" disait Samuel P. Huntington l'auteur du livre "le choc des civilisations" (5). Il aurait dû préciser cependant que cette violence repose elle même sur la supériorité économique. Car la violence de l'occident est le moyen qui lui permet d'atteindre son but, celui de soumettre et de piller les richesses des autres peuples. Le Secrétaire d'État sous la présidence de Reagan, le général Alexander Haig était plus proche de la réalité lorsqu'il disait : "Israël est le plus grand porte-avions de l'Amérique, il est insubmersible, il ne transporte aucun soldat américain et il est situé dans une région cruciale pour la sécurité nationale des États-Unis" (6). Autrement dit, Israël est la base avancée des Etats-Unis dans une région qui constitue encore aujourd'hui le plus grand réservoir de pétrole du monde. "Je le dis depuis longtemps : si Israël n’existait pas, il faudrait l’inventer" déclarait Joe Biden le 18 octobre 2023 à Tel Aviv (7).

Il n'est pas étonnant dans ces conditions de constater que tous les dirigeants de l'occident capitaliste sont impliqués dans ce génocide en temps réel à Gaza. Leur négation de la vie humaine est totale. Leur volonté de vouloir anéantir tout un peuple est confirmée chaque jour qui passe.

Mais malgré toutes les horreurs, cette guerre a réveillé la conscience des peuples à travers le monde. Des millions d'hommes et de femmes sont descendus dans la rue pour manifester leur solidarité avec Gaza. C'est une véritable mobilisation mondiale en faveur de la Palestine. Dans le monde arabe, des marées humaines déferlent dans les rues du Caire, de Rabat, d'Amman, Tunis, Beyrouth etc. Mais les régimes en place dont la plupart avaient "normalisé" leurs relations avec Israël, encadrent, répriment et brutalisent les manifestants de peur que la colère populaire ne se retourne contre eux. Les peuples arabes sont en effervescence et la moindre étincelle risque d'embraser, comme en 2011, toute la région.

Les valeurs dont cet occident se targue encore aujourd'hui sont désormais enfouies sous les décombres de Gaza. Gaza est le miroir de cette "civilisation" capitaliste.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.pressenza.com/fr/2023/01/lecture-et-discussion-du-discours-du-dr-martin-luther-king-jr-au-dela-du-vietnam-lheure-de-briser-le-silence/

(2).https://www.lemonde.fr/international/article/2021/11/24/en-sept-ans-la-guerre-du-yemen-aura-cause-la-mort-de-377-000-personnes-d-ici-la-fin-de-l-annee-2021_6103373_3210.html

(3)Pour plus de détails sur les interventions militaires américaines voir : https://journals.sagepub.com/eprint/NSBIKPXYGT4U3VRBTPMM/full#.YvJWbY9PcOE.twitter

(4)https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-americaine-antiterrorisme-11-septembre-million-morts-cout-victimes-civils

(5)https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/01/16/la-plainte-de-lafrique-du-sud-contre-israel-devant-la-cij-est-un-appel-a-se-liberer-de-loccident-imperial/

(6)https://www.bbc.com/afrique/articles/cn48gdqp3eqo#:~:text=Dans%20d'autres%20d%C3%A9clarations%2C%20Joe,%C3%A0%20coude%20avec%20les%20Isra%C3%A9liens%22.

(7)https://www.state.gov/translations/french/allocution-du-president-biden-sur-les-attaques-terroristes-du-7-octobre-et-la-resilience-de-letat-disrael-et-de-son-peuple-tel-aviv-israel/

 

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29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 16:07

Joe Biden, Emmanuel Macron, Rishi Sunak, Giorgia Meloni, Viktor Orban, Javier Milei, Geert Wilders, entre bien d'autres, ne sont que des mercenaires au service de la classe dominante. Leur mission essentielle est de maintenir, vaille que vaille, l'accumulation du capital et d'assurer la concentration des richesses entre les mêmes mains. Nationalisme, autoritarisme, fascisme, néofascisme, nazisme, extrême droite etc, ne sont que des mots qui désignent une seule et même réalité : la dictature du capital. Ces formes politiques de la domination bourgeoise ne remplacent évidemment pas le capitalisme et ne cherchent nullement à le dépasser. Bien au contraire, elles tentent de le sauver et de le perpétuer. Elles ne sont, en dernière analyse, que des régimes brutaux derrière lesquels se cachent les intérêts de la bourgeoisie.

 

La loi économique fondamentale du capitalisme reste la maximisation du profit. Mais dès que la crise du système s'installe, c'est-à-dire lorsque le taux de profit (par rapport au capital investi) diminue, la bourgeoisie revient sur tout ce qui lui a été arraché de haute lutte par les salariés en général et les travailleurs en particulier : code du travail, indemnités chômage, congés maladie,

retraite, aides sociales, services publics, réduction du temps de travail, nationalisations etc.etc.

Pour pouvoir imposer sa politique en temps de crise, la bourgeoisie a besoin non seulement de gouvernements autoritaires, mais aussi de tromper les masses populaires pour obtenir leur passivité et si possible leur complicité. La classe dirigeante utilisera alors tous les moyens dont elle dispose notamment les médias pour détourner les travailleurs du véritable combat, celui du travail contre le capital, en fabriquant des ennemis qu'elle présente comme responsables de tous les malheurs. La bourgeoisie a besoin de cette "adhésion" des masses pour assurer ses intérêts. Il faut donc construire cet ennemi à force de propagande et d'images pour cimenter une communauté traumatisée par la disparition progressive de l'ensemble des acquis sociaux et dégoûtée par le comportement d’une classe politique corrompue et totalement soumise aux intérêts d’une minorité d'exploiteurs. Il faut lui trouver des boucs émissaires capables de la détourner du combat politique de classe contre classe. L'invention de ces victimes expiatoires permet également de décharger la colère populaire sur celles et ceux qui subissent la crise et non sur ses véritables responsables. La classe dirigeante va alors montrer du doigt et désigner les travailleurs immigrés, les musulmans, les Noirs etc., comme responsables de toutes les conséquences de la crise, même si elle continue en même temps à faire appel à la main-d'œuvre étrangère pour satisfaire les besoins de ses entreprises! (1). Ces cibles ainsi désignées représentent pour une partie des classes populaires, élevée dans la haine de "l’autre" par l’idéologie dominante, une concurrence insupportable sur le marché du travail. En période de crise, les travailleurs étrangers, ou supposés comme tels, sont présentés comme les responsables du chômage de masse qui ronge l’ensemble des salariés. Le chômage n’est jamais présenté comme le produit le plus authentique du capitalisme, mais comme le refus des salariés de préférence étrangers de travailler aux conditions du marché. Belle manière pour masquer la responsabilité des patrons dans la situation dramatique des chômeurs !

Et comme si cela ne suffisait pas, la bourgeoisie mobilise de surcroît contre ces victimes son arsenal juridique et ses médias.

Une quantité phénoménale de textes législatifs et réglementaires encadre aujourd'hui le droit des migrants. Tous les gouvernements s'acharnent à adopter le plus de textes répressifs possibles contre les étrangers. Le dernier en date est la loi "immigration" voté le 19 décembre 2023 grâce aux voix de droite et d'extrême droite (2). Rappelons que depuis 1945 on adopte une loi sur l'immigration tous les deux ans en moyenne sans compter les ordonnances, arrêtés, circulaires et autres décrets ! (3). Mais cela n' a nullement empêché des régularisations constantes de travailleurs sans papiers en fonction des besoins du patronat.

La violence médiatique contre ces boucs émissaires se traduit par un vocabulaire détestable voire bestial chargé de stéréotypes attisant la haine entre les hommes pour mieux les diviser en jouant sur les préjugés nationaux, raciaux et religieux. Les thèmes haineux "d'invasion", "submersion", "ensauvagement", "islamisation de la société", "grand remplacement", reviennent souvent dans le discours médiatique dressant ainsi l'opinion publique contre tout ce qui ressemble de près ou de loin aux migrants. L'instrumentalisation de l'image de "l'autre", celle de l'étranger présenté comme un danger, comme un ennemi, permet de renforcer le mythe de "l'identité nationale" et de souder ainsi les masses populaires derrière la bourgeoisie (4). La rhétorique anti-immigration se substitue ainsi au vide des programmes des gouvernements et des partis politiques.

Aujourd'hui comme hier, la crise du capitalisme produit, toute proportion gardée, des régimes ouvertement autoritaires dont la mission véritable est de consolider l'économie capitaliste pour mieux servir les intérêts de la classe dominante, la bourgeoisie. L 'offensive de ces pouvoirs contre les ouvriers, quelque soit leur origine, va se poursuivre et s'intensifier d'autant qu'aujourd'hui le rapport de force est du côté du capital. Les attaques contre les acquis des travailleurs, nationaux et immigrés, seront encore plus brutales et plus féroces. Car l'ennemi commun à tous ces régimes réactionnaires reste la classe ouvrière. Les travailleurs, s'ils veulent affronter et vaincre ces gouvernements, n'ont d'autres choix que de commencer par surmonter leurs propres divisions et construire leur union avant d'envisager de s'allier avec d'autres couches de la société trompées par ces pouvoirs fascisants au solde d'une minorité d'exploiteurs.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)Voir , entre autres, le cas du gouvernement post-fasciste de Giorgia Meloni avec son discours anti-immigration veut faire entrer 452 000 travailleurs étrangers d’ici 2025 : https://www.francetvinfo.fr/monde/italie/italie-le-gouvernement-de-giorgia-meloni-va-faire-entrer-452-000-travailleurs-etrangers-d-ici-2025_6244803.html

(2)https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16t0220_texte-adopte-provisoire.pdf

(3) https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/14/la-loi-immigration-dernier-element-d-une-longue-serie-de-117-textes-depuis-1945_6199984_4355770.html

(4)https://journals.openedition.org/anatoli/471

 

 

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13 décembre 2023 3 13 /12 /décembre /2023 17:40

 

Parmi les innombrables et innommables crimes d'Israël, il y a l'assassinat du poète Rifaat Alareer avec les membres de sa famille au nord de Gaza le 6 décembre 2023. Il avait 44 ans. Il a refusé de quitter sa Gaza natale pour pouvoir écrire et informer sur la réalité des souffrances des palestiniens.

Rifaat Alareer était traducteur et professeur de littérature anglaise à l'Université Islamique de Gaza, elle aussi bombardée par l'armée d'occupation. Il enseignait Shakespeare, Thomas Wyatt, Wilfred Owen et bien d'autres poètes et écrivains britanniques, mais aussi israéliens comme Yehuda Amichaï. Parmi ses écrits, on peut citer "Gaza Unsilenced", "Gaza writes back" qui ne sont toujours pas traduits en français.

Il était l'un des cofondateurs du projet "We are not numbers" jumelant des auteurs de Gaza à des mentors à l'étranger qui les aidaient à écrire des récits en anglais sur leur réalité.

Contre la barbarie israélienne, Rifaat Alareer opposait sa seule et unique arme, sa poésie. Une poésie simple, émouvante, populaire et tragique, mais elle dérangeait. Il fallait donc étouffer la voix du poète comme les phalangistes fanatiques ont étouffé celle de Federico Garcia Lorca en 1936 près de Grenade.

Sa mort restera comme un témoignage éloquent et tragique à la fois des profondes injustices infligées au peuple palestinien.

 

Si je dois mourir était son dernier poème :

 

Si je dois mourir,

tu dois vivre

et raconter mon histoire

vendre mes affaires

acheter un bout de tissu

et quelques morceaux de ficelle,

(fais en sorte qu’il soit blanc avec une longue queue)

pour qu’un enfant, quelque part à Gaza

en regardant droit vers le ciel

alors qu’il attend son papa emporté dans une explosion –

sans faire ses adieux à personne

ni à sa chair

ni à lui-même –

pour qu’il voie le cerf-volant, mon cerf-volant, celui que tu as fait, prendre

son envol

et qu’il pense alors qu’un ange est là

venu ramener l’espoir

Si je dois mourir

que cela ramène l’espoir

et que cela devienne un conte

 

Le poème est lu ici par l'acteur britannique, Brian Kox :

https://youtu.be/BtBN_ucwmso?si=7OJTdlHWHLnbikhu

 

Mohamed Belaali

​​​​

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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